La Chine offre comme partout une palette étendue de "qualités"
Il suffit de réfléchir:
- pourquoi va t'on faire fabriquer en Chine?
Pour obtenir des prix très bas, ce qui sous-entend que le prix main d'oeuvre entre pour très peu dans le prix de la guitare, et donc il s'agit de main d'oeuvre peu qualifiée (en lutherie).
Une guitare dans la gamme des 350€ en prix de vente public sort d'usine à moins de 50€! si on retire les matériaux, l'acastillage, cela vous laisse deviner ce que touche un ouvrier chinois sur cette guitare. la série est privilégiée et on retrouve les mêmes guitares sous différentes appellations. il existe d'ailleurs pour les mêmes séries un tri qui donne un degré de "qualité" plus ou moins bas: l'acheteur européen, japonais ou US choisit son degré de finition (un peu comme le tri des tomates:les plus belles, les mieux calibrées vont dans les épiceries fines, les plus moches d'apparence dans les marchés...)
On comprend aisément qu'il ne s'agit absolument pas de lutherie!
Tout est donc organisé pour que l'influence de la "main humaine", le geste, soient le moins présents d'où une standardisation et l'utilisation maximale de machines. On mise beaucoup sur une apparence , sur le cosmétique.
Il suffit d'ouvrir une chinoise pour se rendre compte que l'intérieur est souvent cochonné (ou plutôt négligé) par rapport au directement visible.
Mon Regal que j'aimais beaucoup présentait un intérieur ignoble, j'ai eu il y a quelque jours en mains une très séduisante basse Epiphone Zenith - 1/2 caisse: l'intérieur en regardant par les ouïes était à peine poncé et peint en vitesse...idem les Republic que j'ai eues en mains...
Concernant Eastman: c'est du "haut de gamme" chinois, ils ont décidé de se positionner très haut pour viser le créneau des archtops jazz surtout (avec des prix 1/2 moins chers que les correspondantes ricaines)
Là, il commence à y avoir un "geste lutherie" mais ça donne des prix sortie d'usine presque 10x supérieurs.
Il faut aussi dire que les premières années Eastmann ont été chahutées parce que les défauts de finition étaient légion et leurs grattes étaient évidemment comparées aux modèles qu'elles voulaient concurrencer. Maintenant la production s'est stabilisée... (il y a eu le même phénomène avec les d'Angelico Excel produites en Chine)
- Comment savoir que c'est du chinois?
comme le marketing est primordial, vous aurez remarqué que chez nous pas une marque chinoise n'a de nom chinois, De plus, nombre de petits malins ont soit racheté un nom prestigieux naguère soit l'ont carrément déposé s'il n'y avait plus d'ayant-droits (RECORDING KING - STROMBERG). Ou alors, ils créent une marque "faisant penser" à une marque prestigieuse (REPUBLIC = NATIONAL).
Le seul moyen direct de voir si c'est du chinois, c'est tout simplement de voir le prix... et de se demander à quel prix cet instrument sort de l'atelier (voir plus haut).
Mais si il existe des degrés de qualité comme dit plus haut, il ne s'agit jamais de haut de gamme, pour la bonne raison que cela demanderait une utilisation de vrais luthiers et donc bien mieux payés. Là, les tarifs ne seraient plus du tout compétitifs et la comparaison se ferait à prix plus proches.
De nouveau, Eastmann qui est leur haut de gamme est encore très loin des ricaines, surtout d'un point de vue valeur de revente. (mais elles restent souvent un maître-achat). Revendre une E. n'est pas évident du tout...
Ce qui est aussi gênant dans les chinoises en sachant que le côté cosmétique est primordial, c'est que les vernis par exemples sont le plus chatoyant possible, donc souvent fort épais et parfois appliqués sur des bois n'ayant bien sûr pas séché naturellement et parfois sur une "photo" de beau veinage, ce qui augure mal de la tenue dans le temps: un vernis ne bouge pas, un bois non sec oui (et même sec, d'ailleurs).
On fait souvent la comparaison avec les japonaises des années 70-80, faux: là il y avait au Japon une tradition de lutherie, les fabricants étaient japonais et avaient leur propre marque. Ils "copiaient" bien sûr les modèles ricains, mais le faisaient le mieux possible, sans contrainte de prix trop haute: les salaires n'avaient pas encore explosé et qui a eu une Les Paul japonaise de ces années-là sait très bien qu'elle vaut souvent largement la Gibson de la même époque (où G. déconnait complètement)
Donc: pas le beurre et l'argent du beurre: on achète une guitare à 350€, qui sort d'usine à 50€ il faut s'imaginer ce qu'on peut en demander. Il est déjà extraordinaire de trouver ces chinoises qui sont abordables qui sonnent bien et sont justes, par rapport aux grattes de base de ma jeunesse qui étaient souvent plus des engins de torture que des instruments de musique