La table d’harmonie

La table d’harmonie

  Benoit de Bretagne Table d'harmonie La table d’harmonie est l’âme de l’instrument. Sa préparation requiert la plus grande attention et une extrême propreté ; elle doit être choisie attentivement selon sa structure et d’autres critères (cf. « la sélection de qualité » dans l’introduction). Les espèces utilisées pour la table, appelées aussi « bois de résonance », appartiennent à la famille des conifères. Leur qualité fondamentale est leur excellent rapport entre grande rigidité et faible masse, ce qui permet -immédiatement- une bonne transmission des vibrations. On ne peut pas dire que l’un des bois répertoriés ci-dessous soit d’une qualité supérieure à l’autre : ils répondent simplement à des besoins différents.

L’épicéa Européen

Benoit de Bretagne Epicéa Européen   Son nom latin est « picea excelsa » ou « picea abies », d’une densité variant entre 360 et 490 kgm3. Ce bois est utilisé depuis des siècles dans la facture d’instruments de haute qualité et est toujours considéré par de nombreux luthiers comme le matériau par excellence de la table d’harmonie. Récemment coupé, il est de couleur jaune-blanc et fonce jusqu’à une riche couleur or s’il est exposé à la lumière ou à des ultraviolets artificiels ; certains luthiers « vieillissent » ainsi les tables d’harmonie en les soumettent à des UV durant quelques jours. Ceci durcit aussi la résine contenue dans le bois. Souvent désigné sous le nom de « pin suisse » ou « pin alpin », il pousse dans de nombreuses régions montagneuses d’Europe, tels les pays de l’ex. Yougoslavie, l’Autriche, l’italie et la france (Vosges et Jura). Pour une bonne qualité, il doit pousser dans certaines conditions, de froid, d’altitude (1300M) d’exposition, etc…..Il n’est pas facile de définir précisément le son propre à ce matériau mais il peut être décrit comme étant très clair, cristallin dans les aigus, combinant une grande sensibilité et un timbre doux et plaisant, répondant même à la moindre légère attaque; il perd cependant un peu de clarté quand il est joué fortement. Il est grandement apprécié des joueurs de « fingerstyle », des guitaristes classiques et des fabriquants de guitares steel string (folk) en Europe.

L’épicéa de Sitka

Benoit de Bretagne Epicéa Sitka   Du nom latin « picea sitchensis » et d’une densité entre 400 et 500 kg/m3. il s’agit d’un bois rigide, dur et qui ne varie pas considérablement en poids. Le Sitka est une variété d’épicéa provenant de la côte ouest des Etats-Unis et du Grand Nord Canadien. Il existe aussi une île de Sitka située au sud-ouest de l’Alaska. Cet épicéa est d’une couleur plus foncée que son cousin l’européen, avec des nuances orange et roses. Il s’agit du bois le plus utilisé pour la guitare folk (steel string), offrant des qualités sonores (acoustique) exceptionnelles ainsi qu’une excellente définition même sous une forte attaque. Il a été adopté par la majorité des grosses firmes américaines (ex.Martin) et commence à être reconnu depuis quelques années par les facteurs de guitare classique.

L’épicéa d’Engelmann

Benoit de Bretagne Epicéa Engelmann   Du nom latin « picea engelmannii » et d’une densité entre 340 et 450 kg/m3. Celui-ci est une autre espèce d’Amérique du Nord et du Canada.D’apparence similaire à l’épicéa européen, il est parfois vendu comme tel par certains fournisseurs et on le compare souvent à l’épicéa Allemand pour ses similarités acoustiques et visuelles. Son poids est inférieur à l’européen. Il ne présente pas trop de contraste entre les pousses annuelles,maissemble plus régulier. Depuis quelques années, il monte en popularité et fait grande concurrence aux autres épicéas..

L’épicéa d’Adirondack

   Encore connu sous le nom d’ « épicéa rouge » ou « épicéa des Appalaches », une essence fort utilisée par les fabricants américains de guitares à cordes acier avant la 2ème guerre mondiale(ces instruments aujourd’hui sont dit ”vintage” et prisés des collectionneurs). Réutilisé depuis 10 à 15années par les luthiers à la recherche de ce son puissant, clair, riche en harmoniques et dynamique(idéal pour le “flat picking”). Il est malheureusement difficile de le trouver en larges planches pour les plus grandes guitares et possède de nombreuses variations de grain et de couleurs qui peuvent “rebuter” quelque peu musiciens et l’artisan. Son prix est bien plus élevé que ses cousins, considéré même comme supérieur, voire comme le “saint Graal” des tables d’harmonies!!! Ces vieilles espèces de bois mériteraient peut etre une plus grande attention sous risque de disparaître complètement un jour….

Le cèdre rouge

Benoit de Bretagne Cèdre Rouge   Son nom latin est « thuya plicata », d’une densité entre 320 et 420 kg/m3. Il appartient à la famille des thuyas et pas réellement à celle du cèdre, ce terme lui ayant été certainement donné pour des raisons commerciales. La variété utilisée en lutherie provient des forêts du Grand Nord Canadien et d’Amérique du Nord Ouest. A l’opposé de l’épicéa, on le trouve en grande quantité et il est facile de s’en procurer d’excellente qualité. Ce matériau est bien plus léger que l’épicéa ; il est également très tendre et doit donc être manipulé avec une grande précaution, le plus petit copeau marquant sa surface. Sa couleur marron foncé plait d’avantage que la blancheur de l’épicéa. Il combine aussi des qualités mécaniques remarquables : rigidité, légèreté, longévité et stabilité ; une table en cèdre développe rarement des fissures ! Ce bois, énormément utilisé en guitare classique ces quinze dernières années grâce à José RAMIREZ (l’un des luthiers Espagnols les plus reconnus), a même supplanté l’épicéa. C’est après la première guerre mondiale, et étant donné la rareté d’épicéa de haute qualité, que José RAMIREZ créa une série de prototypes en cèdre. Les guitares donnèrent un son « plus ouvert ». Et alors que les tables en épicéa n’atteignent leur potentiel qu’après quelques mois, voire années, le cèdre semblerait donner un son plus immédiat : un son très puissant, avec des basses très rondes et une sonorité plus riche et plus large. Une table d’harmonie en cèdre doit être d’une qualité exceptionnelle et parfaitement coupée au quartier.

Le cèdre jaune

   Toutes ces espèces ont été utilisées pour la fabrication d’instruments mais ne sont pas encore acceptées par la majorité des luthiers. C’est le cas du Redwood, de son nom latin « sequoia sempervirons » : il a la même densité que le cèdre rouge ou que l’épicéa d’Engelmann (entre 340 et 460 kg/m3) ; son apparence est similaire à celle du cèdre rouge mais il n’y a aucune comparaison quant à la sonorité ! C’est le bois choisi, pour 80% de sa fabrication, par le luthier américain José ORIBE.