Bon ...
avant d'avoir le bilan, il faudrait peut-être que vous alliez jusqu'au bout de la fabrication...
c'est pas tout de s'enflammer comme ça juste parce que la guitare est finie...
parce que elle c'est pas faite toute seule... ça pousse pas sur les arbres ce genre d'engin, malgré ce que certains pensent ...
donc encore quelques lignes et quelques photos pour vous accompagner avec moi jusqu'à la fin de mon calvaire (au moins ça !) lutheritistique.
Donc...
je reprends là où j'en été resté...
collage de l'étiquette ...
puis café...
puis :
Tout d'abord, ponçage au micromesh de la touche, histoire de faire briller un peu le tout.
Puis, c'est la pose de la frette 0. Un petit coup de défonçeuse, ajustage de la frette puis collage avec un p'tit coup de marteau bien placé, plein sa giffe, juste histoire de lui faire comprendre, à cette gratte, que desormais, c'est MOI qui commande ! Et je délègue ce coup de marteau à quelqu'un d'autre, histoire de me mettre à l'abris des représailles éventuelles !
Ensuite, c'est au tour du sillet de tête de passer à la casserole.
Il rentre pile poils dans l'espace alloué à cet effet (normal, c'est moi que j'avais fait la cale de bout de touche... heum... ) donc, reste plus qu'à le réduire en largeur.
et là, c'est séance de dentiste.
POUAAAHHH ! la poussière d'os a une odeur, beurk ... je préfère encore 100 fois l'odeur de la poussière de pommier poncé pendant 3 h !
bref. Ajustage au p'tits oignon, un petit coupe de lustrage et le chef fait la découpe des sillons pour les cordes.
Ensuite, c'est la pose du cordier.
Après bien des périgrinations, des creusages de méninges et des ajustements (en tout, test préalable, réalisation, gravure en cuisine, pièce en acier et ajustements, il y en a eu pour 10 à 12h de travail sur ce bidule de 100 grammes !), on pose la cheville sur l'arrière de la guitare et on ajuste le cable .
D'ailleur, avec la tension des corde, le cable c'est tendu et le cordier est décallé vers l'interieur. Un ajustement sera de mise lorsque je changerai les cordes. De plus, vue la tension, je vais voir avec le chef pour voir s'il ne faut pas un petit renfort d'ébène arrière car le cable pose directement sur les filets et j'ai des doutes sur la longévité de ce système, en l'état.
Wait and see !
Ensuite, pose des mécas (mécas temporaires, les définitives - dorées et boutons ébène arrivent dans quelques temps...) en essayant de les ajuster le plus droit possible.
Puis, c'est pose des cordes et réglage de la justesse. C'est le chef qui s'y colle, histoire de laisser parler les oreilles des pro !
Réglage du chevalet "à l'oreille" en le décallant plus ou moins en fonction de la justesse entre note fréttée et note harmonique.
et pour finir, touche finale : collage des moustaches (d'ou la photo plus haut de benoit perché sur une chaise, tenant en son bec un fromage. monsieur le renard par l'odeur ... etc...)
"-
ça m'a l'air pas mal là ?
- mouais, c'est pas un peu de biais ? par là
-
ah nan, moi je le vois plutôt par là au contraire
Qu'est-ce que tu en pense Florian ?
- oui, c'est pas mal, ça a l'air droit...
-
plutôt comme ça alors ?
- ouais, là c'est bon, mais c'est ça qui est pas droit en fait non ?
-
oui, peut-être un peu.
- et le chevalet de biais ça fausse la diagonale... non ?
-
oui, peut être (c'est gentils d'être toujours d'accord avec moi)
-
comme ça alors ?
- ouais, c'est bon !
-
ok ?
- ok ! "
Voilà, et la fabrication s'arrêta là...
après ce fut essayage en règle par l'assemblée réunie,et par bibi, les yeux brillants, les bras fébriles, les mains tremblante et les doigts mous. Un petit rictus se dessinant sur le coin superieur gauche de la lèvre superieure au moment où, le premier coup de médiator (pa le médoc, faut pas casser l'ambiance !) vient me faire vriller les oreilles...
et là, je me liquéfie ; rah... c'est pas rien de jouer sur l'intrument que j'ai (avec beaucoup d'aide, j'en conviens) construit.
et en jouant les quelques premiers accords manouche encore à mon répertoire, c'est toute la construction qui passe en arrière plan, avec des gestes mais surtout des paroles et des visages qui me reviennent (c'est pour ça que je faisais des fausses notes, j'étais émoustillé hein ...).
Et c'est avec un grand plaisir que j'ai capté dans le regard de Benoît le bonheur d'avoir participé à apporter un peu de sa passion à quelqu'un d'autre. Je le voyais sourire devant mon air béat (à moins qu'il se demandait quelle mauvaise blague j'allais encore sortir !)
bref, le reste, c'est pour un prochain épisode : les dernières photos de la guitare, finie, pour clore une bonne fois pour toute ce sujet.
Et une guitare finie de plus, UNE !