Désolé d'apprendre pour la perte de ton activité!
Se lancer dans la lutherie de nos jours, lourde interrogation? je me permet de te faire part de ma ptite aventure, un peu par ordre décroissant: je bosse aujourd'hui 70heures semaine pour un smic, cela fait 7ans que je suis installé en France, j'ai étudié et bossé 5années avant en Angleterre(fabrication et restaurations violons, famille du quatuor), fabrication guitares avec un grand maître: Peter Barton, bossé et appris énormément avec lui, ai étudié ensuite avec un autre luthier: Dave Whiteman, en même temps je faisiais des répars à Denmark Street à Londres, avant ça j'avais réparé des tas de vieilleries achetées sur les brocantes afin de me faire la main, avalé des tas de bouquins anglais, américains... internet n'était pas répendu et il n'y avait rien sur la lutherie(aujourd'hui on nait avec la cuillère en argent dans la bouche), réglé une bonne cinquantaine d'instruments de copains, 8 guitares acoustiques fabriquées et à mes tous débuts 3électriques ....
puis pour moi à la fin de mes études ça a été cette même grande question, puis-je me permettre d'ouvrir une boutique? suis-je à la hauteur? mes guitares étaient elles au niveau? pas de défauts qui pourraient me faire de la mauvaise pub? Qu'en penses des musiciens professionnels? que valent mes finitions? où en suis-je par rapport à d'autres luthiers???
résultat, j'ai eu vite l'honnêteté de me dire que je devais en apprendre plus, mon bagage me semblait léger, j'ai donc encore appris (sur le tas) et glanné des infos auprès de grands luthiers durant 6mois avant d'ouvrir! ouverture de l'atelier c'est un autre monde, payer les factures, locations et autres charges... c'est lourd, on est lent et on vit mal... je me dis avec du recul que 2années chez un luthier auraient été nécessaires! j'étais inconscient... j'ai eu beaucoup de chance de rencontrer les bonnes personnes, qui m'ont offert une chance, aujourd'hui ma réputation est installée et semblerait il(d'après des confrères du très haut de gamme: ex: Quéguiner, Castelluccia...) que j'aurai fait en moitié de temps ce que eux ont accomplis!
Maintenant j'ai régulièrement des gens qui me contactent pour savoir si d'après des clichés je pense qu'ils pourraient ouvrir leur boutique, se mettre à leur compte... je pense qu'il faut carrément montrer son boulot à des luthiers, savoir écouter la critique(constructive biensur

!) sur quoi on peut s'améliorer... et en refaire des dizaines derrière... tu vois sur ta rosace, le petit jour comblé, ça sur un instrument de luthier tu n'y as plus le droit ! Mes premières guitares je n'ai jamais voulu les vendre car elles avaient des défauts et je ne voulais pas que ceci reflète une mauvaise image de mon travail et de plus les premières c'est sacré, tu as tout appris, tout mis(moments heureux et malheureux) dans" ces boîtes à camembert avec un manche au bout", les erreurs sont tes premiers pas, font partie de ton évolution.... mais il ne faut pas griller les étapes. La concurence est rude, le niveau évolue énormément, il faut savoir aussi se démarquer(je vois de plus en plus des rosaces bois 1pièce ou en rayons de soleil, c'est ce que je faisais il y a 7ans, en ce moment jene vois que ça!) donc il faut se renouveller, savoir étonner sans choquer...
voila, je voulais juste te faire part de mon ressenti.
Benoit de Bretagne