Gadjo_des_Ardennes a écrit : Si tu grattes tes cordes entre le sillet et les mécas, ça sonne, c un fait. Si tu plaques un accord, tu peux entendre ces résonances en bas derrière le chevalet et aussi derrière le sillet, en haut. Cela ne dérange pas trop les luthiers, mais je peux t'affirmer qu'une bonne gratte, ça résonne de partout ! Moins elles sont lourdes, plus elles vibrent, je trouve.
Tu peux même entendre quand tes doigts se posent sur la touche avant de jouer ton accord de pompe.
Quand tu sonorises une guitare manouche, c'est très difficile car y'a des tas d'harmoniques à gérer, des turnaround de fréquences basses et médiums dans la caisse, des cliquetis de médiator amplifiés, etc...
Et les petites feutrines, c'est pas de la déco, ça joue son rôle.
Et on imagine que c'est un coût dans la fabrication, dont les Di Mauro et confrères se seraient bien passé si cela avait pu l'être, non ?
Guitares Di Mauro - fonction du morceau de feutrine du sillet de tête?
hm... Là, je pense qu'il va falloir un expert pour nous départager à propos de la fonction de ce mystérieux morceau de feutrine du sillet de tête
.
En effet, je suis bien d'accord qu'il peut y avoir des harmoniques sympathiques entre le sillet de tête et les mécaniques.
Ceci dit, il y a quand même quelques points qui me chiffonnent; si tu arrives à y trouver des explications rationnelles, je suis prêt à changer d'avis:
1. sur la plupart des di Mauro anciennes, la touche est très épaisse, donc le sillet de tête élevé; or le feutre, lorsqu'il existe, ne dépasse pas 1.5 mm d'épaisseur et
ne touche donc pas les cordes. Comment pourrait-il étouffer les harmoniques des cordes
sans les toucher? J'aime bien la magie, mais là...
2. comment se fait-il que cette feutrine ne se soit pas trouvée sur
toutes les guitares produites par l'atelier di Mauro (dans certains cas, elle a été enlevée (pourquoi, d'ailleurs?), mais dans nombre de cas, elle n'a jamais existé)?
3. comment se fait-il que Joseph di Mauro, sur ses guitares tardives, y ait renoncé? Alors que le coût d'un tel élément est minime (le feutre est un tissu bon marché, la surface est minuscule, l'opération ne prend guère plus d'une minute à effectuer).
4. Comment se fait-il, si le système a une quelconque efficacité, que
seul l'atelier di Mauro l'ait utilisé - et encore, pas pour toutes ses guitares? Et que, en France, ni Selmer, ni Busato, ni Favino, ni Castelluccia, ni les luthiers actuels, en France ou ailleurs (et il y a de sacré pointures!), ni les luthiers de guitares folk, ni classiques ou flamenca (ou les luthiers d'autres pays), n'aient songé à adopter le même procédé, ou à en inventer un qui produirait le même effet?
5. Pourquoi en a-t-il aussi mis sur des modèles électriques, alors que la question des harmoniques sympathiques, dans ce cas, ne se pose pas vraiment, a priori?
Bref, je ne sais pas à quoi sert ce bout de feutre, et bien que j'aie rencontré Joseph di Mauro au début des années 80, je n'ai jamais songé à lui poser la question. Il faudrait peut-être demander à sa fille, Dorothée; ou à François Charle, qui l'a également connu. Une chose me paraît, en revanche, certaine, c'est que la fonction d'étouffoir à harmoniques me paraît hautement improbable...
Un spécialiste en lutherie, ou en histoire de l'atelier di Mauro, pourrait-il trancher la question, avant que nous nous envoyions, Gadjo des Ardennes et moi-même, nos témoins respectifs pour un duel, à coups de trussrod, à Paris, à l'aube, 47 rue de la Réunion*?
Merci d'avance.
* Et pourquoi ce lieu plutôt qu'un autre, hmm?