Benoît de Bretagne - Luthier - Pas de Calais

Voilà c'est pour partager un nouveau projet, qui risque d'être une synthèse des expériences passées, avec cette fois-ci une attention particulère pour le barrage et la finition .
D'abord le bois: du Muninga ou Kiaat (Pterocarpus angolensis), originaire du Mozambique, du moin il a servit pour le transport des biens d'un militaire portugais au Mazambique après la révolution des Œillets en 1974, acheté il y a à peine deux semaines a un prix modique.
Tout de suite c'est la surprise: un bois très proche du noyer, mon bois préféré, (même densité, même facilité au travail, aussi beau et avec une odeur agréable), donc nouveau bois, nouveau projet. http://img4.hostingpics.net/pics/136272Muninga.jpg

Ensuite, le modèle du oud (modèle d'un luthier casablancais)
Forme et étude: http://img4.hostingpics.net/pics/943175PlanOudKB.jpg
Talons et préparation du moule (deux supports pour les deux talons): http://img4.hostingpics.net/pics/395245 ... talons.jpg

Retour à ce projet en stand-by il y a qlq temps mais avec changement de programme: ça ne sera pas du Muninga mais un beau noyer de l'Atlas que j'ai depuis plus de 4 ans. Côtes mises à épaisseur et agencées

Nouveautés pour ce oud, 1) ça sera un chevalet flottant mais sans cordier, ou plutôt le talon servira de cordier, donc nécessité de renfort en bois de rose, 2) l'utilisation du système de ceinture (les dernières côtes se terminent très larges: 22mm)

Le bloc de jonction corps-manche est large, d'où la nécessité de l'allégér

joli ce noyer !!

J'ai un autre set de ce même bois que je reserve pour un projet d'une guitare classique avec un dos en 10 pièces et des éclisses en deux pièces, le tout avec des filets intercalaires. C'est un bois très joli mais il a besoin de beaucoup de soin car il n'est pas homogène, donc il faut combiner plusieurs astuces pour maintenir une certaine stabilité

Jolie set en effet, ça promet.

Tiens une petite question la mortaise dans le bloc de jonction est à "l'horizontale" (je veux dire dans le prolongement de la table) c'est bien ça?
si oui est-ce une méthode traditionnelle comme manière de faire ou bien?

Bonne continuation
A+

Oui Vimbert la mortaise est bien dans le prolongement de la table. Pour le peu que j'en sais c'est pas la manière de faire traditionnelle où on trouve un peu de tout, même le recours à un simple clou pour renforcer le collage du neck block avec le manche.

Pour ce oud, je prends plusieurs risques qui découlent de quatres paramètres, 1) le choix d'utiliser le système de ceinture, ce qui "fausse" le calcule de la forme des côtes, 2) le bois qui n'est pas homogène et qui fait le beau au moment de le cintrer, 3) le fait de construir avec seulement 13 côtes (jusqu'à présent j'ai construit avec 19), 4) et finalement de ne pas utiliser de moule, à peine un ronfort-repère au niveau du talon:

Gros travaux finis.

À suivre, pose des filets, finitions des trois éléments et assemblage

Filets posés. Ponçage grossier (grain 80 et 120) + une couche de gomme laque pour bien ressortir toutes les imperfections et juger de la nécessité d'une opération bouche porrage. La pose des côtes ne fut pas une partie de plaisir, à cause des raisons déja citées, mais bon c'est fait

Impressionnant, ces côtes assemblées ! Cela doit être chaud à monter !

pas évident du tout comme assemblage! on voit quelques fendillements c’est bien cela ?

Fransgreg a écrit :Impressionnant, ces côtes assemblées ! Cela doit être chaud à monter !

C'est pas une réponse de normand, mais je dirais oui et non. Non parce que dès que la chose est rodée (modèle épuré, et moule adéquat) c'est relativement facile (certains arrivent à boucler la caisse en 2-3 jours), sinon quand on se complique la vie comme ce fut la cas ici, c'est pas mal de calme et beaucoup beaucoup d'ajustage (2 côtes par jour).

remi a écrit :pas évident du tout comme assemblage! on voit quelques fendillements c’est bien cela

Non ce qu'on voit c'est 2 ou 3 traces de la scie pour faire la rainure pour les filets (une découverte, c'est tellement facile et rapide à faire et ça évite de trop se prendre la tête pour faire des joints parfait). Par contre comme le set avait pile poil 13 côtes et que la largueur était limites j'avais pas le droit à l'erreur, mais une côte en a décidé autrement, j'ai du donc ratrapper en faisant 4 côtes pas parfaitement symétrique.

Ponçade grain 120-180, re gomme laque pour faire sortir les imperfections. Remi, voilà il n y a plus qu'une trace de scie, un peu profonde, à éliminer. Au passage, la chatoyance de ce bois est déconcertante. En fonction de l'angle d'incidence de la lumière, c'est jamais le même rondu

En tout cas, c'est beau cet assemblage, et que deviens le trou laissé par la vis ? je ne connais pas le oud, mais ça donne envie.