Benoît de Bretagne - Luthier - Pas de Calais

Bonjour,

Petit travail de réparation préventive, avant l'accident.
Une vénérable Seagull S6 de 10 ans d'âge...

Elle a l'air bien et elle joue bien...

Mais le chevalet s'ouvre gentiment de presque 1mm sur trois quarts de sa longueur...


Primo, le décoller le plus proprement possible.
Humidifier généreusement la colle par l'ouverture, pendant peut-être une demi-heure...

Puis protéger la table avec trois épaisseurs de papier aluminium et chauffer le chevalet à la vapeur avec une pattemouille...


Petit à petit, en glissant par dessous une lame chauffée, la colle fond et lâche...

A la fin, tout vient, un poil trop vite (quelques fibres emportées). J'aurais dû travailler de plus en plus en douceur...


On voit bien que le chevalet a été collé en débordant largement sur le vernis...


Secundo, nettoyage des surfaces (sans découper le vernis) et recollage...



Et voilà, c'est déjà beaucoup mieux (sans être parfait)...



Et hop, un coup d'huile de citron sur la touche et le pont, un nouveau jeu de cordes, et elle joue toujours bien...

Interressant.
Et tes serres joints maison sont pas mal non plus

Super! Très bonne technique, c'est une bonne chose que le chevalet ait été collé en débordant sur le verni, ça te laisse de la marge pour ce genre de réparation (et ça ne m'étonne donc pas qu'il ai décollé vu que la colle n'adhère pas au verni)

Je ne comprends pas pourquoi tu n'es pas découpé le vernis pile à la forme du chevalet. C'est le seule façon d'avoir un collage nickel et très solide.

C'est la maladie de toutes ces guitares où par défaut il est laissé quelques millimètres de vernis sous le chevalet pour faciliter la découpe et le collage et qui un jour ou l'autre se décolle (aussi fine soit elle, la zone vernie sous le chevalet empêche la jonction chevalet/table d'être excellente sur toute la surface).

J'ai justement effectué deux opérations semblables récemment (avec découpage du vernis dans mon cas), dont une Simon & Patrick de Loup Blanc

Je me suis aussi demandé sans l'écrire pourquoi laisser cette bande de vernis , Florian donne la réponse : Faut pas

alind a écrit :Je me suis aussi demandé sans l'écrire pourquoi laisser cette bande de vernis , Florian donne la réponse : Faut pas

Si j'ai précisé que je ne l'avais pas découpé, c'était par mauvaise conscience. Disons que c'était ma première expérience du genre. J'ai acheté cette guitare d'occase, je l'ai améliorée en faisant cet exercice de lutherie et je veux maintenant la revendre.

Sur celles que je construis, c'est comme dit Florian, comme font les luthiers, quoi Ici, cela reste une guitare industrielle

Comme dit Maman, le mieux est l'ennemi du bien ... Si j'avais découpé le vernis, je l'aurais peut-être mal fait, et ça se verrait. Ici, c'est clean et j'ai appris. L'objectif est atteint ..., pas la perfection !

Florian a écrit :Je ne comprends pas pourquoi tu n'es pas découpé le vernis pile à la forme du chevalet. C'est le seule façon d'avoir un collage nickel et très solide.

La réaction de mon prof de lutherie qui voit ça sur Facebook :
"Waarom heb je de vernis niet weggenomen? Binnen enkele jaren zal je de herstelling nog eens moeten doen...."
Traduction : "Pourquoi n'as-tu pas enlevé le vernis? Dans quelques années tu devras refaire cette réparation..."


J'ai des regrets, maintenant ... C'est difficile de couper le vernis ? Et s'il y a un éclat, comment faire une retouche ? Déjà, je ne connais pas le vernis utilisé, la mise en oeuvre ne sera jamais la même ... Peut-on faire ça sans que ça se voie ?

Ce n'est pas très difficile si tu as l'habitude de manier le scalpel et si tu prends ton temps.

La clé c'est de prendre une lame neuve absolument. Ensuite avec le chevalet positionné précisément tu mets du scotch tout autour pour avoir des repères de coupe. Les coupes droites se font à l'aide d'un régler et les courbes tu prends le chevalet comme guide. Il ne faut pas appuyer sur ton scalpel, le laisser travailler tout seul jusqu'à ce que tu sentes sous la lame le relief du bois (on sent le passage des veines dures aux tendres et etc.). Ca sera un peu plus long mais évitera les déconvenues.

Selon les vernis, il peut effectivement y avoir de très petits éclats mais à choisir entre ça et le chevalet qui ne tiendra pas dans le temps...
Certains vernis sont très fragiles et même avec tout le soin du monde, il y aura toujours de légers éclats. Avec d'autres ça passe nickel.

Et oublie les retouches, dans une zone comme celle-ci la retouche se verra plus que l'éclat

Merci de partager ton expérience, Florian !

Florian a écrit :Et oublie les retouches, dans une zone comme celle-ci la retouche se verra plus que l'éclat

Le bon côté, c'est que j'ai échappé aux deux

Moi je dis : Chapeau !
Jamais je n'oserais me lancer dans une telle entreprise, je suis béat d'admiration, tant pour le courage que pour la réparation rondement menée.
Quoique pas luthier, j'avais aussi été surpris que tu conserves le vernis sous le chevalet mais je ne me serais pas permis de critiquer.
Du beau boulot tout de même !

Justement je me disais aussi que tu as le mérite d'avoir décollé le chevalet, qui n'est pas une opération anodine. Je ne suis pas certain d'avoir eu la confiance de faire ce genre d'opération pendant mes études, bon point pour toi

Après, on en apprend tous les jours, tu le sauras pour la prochaine fois.

Salut
oui Merci Florian
tu as fait un excellent travail
wouh

Remi Preuller a écrit :Jamais je n'oserais me lancer dans une telle entreprise

Merci pour le compliment, Remi ! Bon, c'est une guitare qui m'appartient sans m'avoir coûté trop cher ... deux bonnes raisons de tenter l'expérience prudemment (comprendre : sans risquer d'abimer le vernis!).

Perso lorsque je colle mon chevalet, je laisse une petite marge avec un surplus de verni (pas plus grand qu'un mm en général) car si tu jamais tu racle une zone non cachée par le chevalet, c'est assez e***rdant visuellement. Si le collage est bien fait, la zone couverte par le chevalet est tellement importante que la petite marge laissée ne viendra pas influer sur la qualité du collage