BABY BOOMER ET SES GUITARES

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denis goulesque
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BABY BOOMER ET SES GUITARES

Message par denis goulesque »

BABY BOOMER et ses GUITARES

PARTIE N° 1
≈≈≈
De 1958 à 1968

Tout a un début, mais je ne suis pas pressé de connaitre la fin !



Il arrive !

Il faut commencer par le début de l'histoire, je vous passerai les détails de l'accouchement du 22 juin 1945 qui fût parait-il pénible et laborieux, mais au point de vue pénible ce n'était qu'un aperçu de ce que mes parents allaient endurer par la suite !!!

A ma première apparition dans le cercle de famille, mes tantes, pourtant de gentilles personnes, à priori favorables, se sont exclamées "mon dieu qu'il est laid" et après une demi-heure de montée en régime, "mais il à la voix qui porte..."
Ma mère a un timide sourire d’excuses et mon père brave homme, mais co-responsable, lui dit que ce n’est pas si dramatique que ça !
J'avais tout entendu, tant pis pour les rôles de playboy, c'était décidé, je serai chanteur.

Il faut dire que nous étions une famille de bons vocalistes, sérieusement, mes parents avaient et mon frêre a une belle voix........ et le sens du tempo, le roi du boléro, c'est lui ! Tchac.....Poum Poum et marracas.

Comme dans les années 50 au Congo Brazzaville (et oui c'est pour ça que j'ai le rythme dans la peau) il n'y avait pas de TV et que les déplacement en Jeep étaient long, on chantait à 4 voix, avec les contre-chants, tierces, quintes et tout le machin et le résultat était plutôt pas mal, un peu comme les Jackson Five en quelque sorte, la chorégraphie en moins et les coiffures un peu différentes....

Le « Hit Parade » de mes parents était :

Inca Taki par Yma Sumac (fabuleuse vocaliste Peruvienne)
Bim Bom Bey par Catharina Valente (chanteuse jazzy Allemande)
Tico Tico par Ethel Smith (incroyable organiste Américaine)

La-bas la seule radio potable à capter était Radio Léopoldville au Congo Belge de l'autre côté du fleuve, les Belges qui ont toujours été influencés par les Américains, passaient de la musique de rêve, Sinatra, Louis Amstrong, mais aussi les nouveaux venus, Bill Haley, Elvis et les groupes de Doo Wap dont les Diamonds avec " Little Darlin' " (pour ceux qui ne connaissent pas, écoutez la B.O d'American Graffiti)

J'étais subjugé par cette chanson et sans plaisanter à 11 ans je savais que c'était mon Karma, mais pourquoi faire simple, autant corser l'affaire, je voulais pouvoir interpreter toutes les parties, du ténor, facile à cet age, à la voix de basse et quelle basse !
Brenda Lee, Johnny Otis, Tennesse Ernie Ford et Frankie Laine, pointaient le bout de leur nez et m'ont appris qu'une belle voix c'est bien, mais "qu'envoyer la sauce" c'est mieux !

« OK........ Coral.........Gunfight to OK Coral............... »
(F. Laine)

La contamination Paris, Noël 1961

AÏE, c'est y est, je me suis piqué avec le bout de la corde de Sol (traître la corde de Sol, car tout à la fois non filée et bien rigide, une aiguille!) c'est à ce moment que j'ai dû attraper la "guitarite" le venin est prodigieusement rapide et la maladie irréversible...

C'était ma première guitare (snif, snif !) offerte par tonton Henri et tatie Jo, une Paul Beuscher, avec la "méthode rapide" s'il vous plait !

Mon oncle sévissait de temps en temps à la mandoline lorsqu'il arrivait à retrouver l'endroit ou ma tante la cachait afin de ne pas trop se fâcher avec les voisins du 36 rue Coquillère à Paris !
Ces braves gens ne savaient pas dans quel aventure ils allaient me lancer, j'ai appris beaucoup plus tard que l'épidémie de mandoline était parvenue jusqu'a Périgeux puisque mon beau-père avait été atteint, assez gravement d’ailleurs, en tant que 1ère mandoline à « La Cigale Périgourdine » en 1936 (photo à l’appui)

Donc avant tout chose, en petit Français cartésien, et sur les conseils de mon père qui avait été condamné à "violon obligatoire" durant sa jeunesse, j'ai lu attentivement la méthode appellée :

"la guitare facile en quelques jours......"

J'ai depuis, longtemps médité sur ce titre et conclu que "quelques" devait être synonyme de "beaucoup" ou correspondre à une durée indeterminée... Je n'ai RIEN compris, ou plutôt soyons juste, j'ai réalisé que je ne comprendrais JAMAIS rien ! Hormis à la dernière page une information de taille, et ça ne s'invente pas:

Pour imiter le tambour, croisez la corde de MI6 et de LA5 à la 5em case et grattez en mesure !

J'ai pensé pendant quelque temps que si j'achetais un tambour avec une méthode, j'aurai peut-être des chances d'apprendre à plaquer un accord.

Cette méthode m'a accompagnée longtemps, je l'ai relue souvent avec de plus en plus de difficultés car elle avait du être imprimée au temps de la Cabale avec une encre "sympathique" qui s'éclaircissait au fur et à mesure que le papier s'obscurcissait, un peu comme le papier thermique des fax première génération, arriva enfin le jour magique de la page vierge noire ou avec un plaisir total j'ai accompli l'acte ésotérique final et lui ait donné la sépulture qu'elle méritait,


C'est à dire aux chiottes!




Le domptage du monstre :

Avoir une partie de la panoplie du rocker, c'est bien, je savais déjà comment bousiller les jeans neufs avec un lave pont et choisir les boots pointues qui me feraient suffisamment mal aux pieds pour être "terribles" mais la guitare, hormis pour poser devant la glace de la salle de bain et montrer les photos aux copines du lycée, à cause de la "méthode maudite".........................RIEN.

D'autant plus qu'entre temps bien sûr cette guitare s'était désaccordée atrocement, et comme j'étais le seul du quartier à être dans cette galère, il a bien fallu « prendre le taureau par les cordes » !

Je n'étais cependant pas tout à fait seul dans le malheur musical car mon autre tante Dédée, qui à bon goût d'habitude, prise d'un coup de folie avait offert à mon frère Claude, un petit accordéon rouge Hohner à clavier, le modèle dit « Mignon »
Nous étions atterrés ! La vue d'un accordéon ayant chez nous toujours été synonyme de "plouquerie ultime".

Les sons déchirants proches de l'appel du caribou en rut que mon frère à essayé (une fois, une seule) d'en sortir nous ont arraché les larmes, mon père de mauvaise foi disait même que ça avait fendu le plafond des WC...quelle misère, il faut dire à la décharge de l'instrument qu'on n'avait pas encore entendu Marcel Azzola accompagner Brel dans « Vesoul », donc plates excuses au piano à bretelles et ses supporters.

Curieusement le clavier de l'accordéon me semblait plus logique et facile que la touche de la guitare, j'ai donc appris à reconnaître les tons, demi-tons dièses et bémols sur l'engin de la honte, mais ne le dites à personne.

L'accordéon ne m'intéressait que pour m'accompagner au chant grâce aux boutons poussoirs de basses, mais la lancinance des sons produits me donnait « le blues » et me poussait vers des interprétations tristes et douloureuses, ont sentait là tout "Le port d'Amsterdam..." surtout quand ma mère faisait frire du poisson dans la cuisine sous ma chambre !

Il faut dire que plus tard, j'ai pris une gifle monumentale en voyant le spectacle mythique de Brel à l'Olympia en 64, mais on était loin du rock qui plait aux filles, adieu donc l'accordéon et vive la guitare

Bien des années plus tard, mon neveu Christophe, perpétua la tradition familiale avec de très rares tentatives de pollution auditive sur un abominable clavier Bontempi à soufflerie, 2 vitesses intégrées, cadeau de Noël de mon père.

La première vitesse donnait 50% de son, 50% de souffle, la seconde pouvait servir de sèche cheveux !
En se tenant près de la grille du haut-parleur on entendait vaguement en fond sonore un mélange d’harmonica asthmatique et de tempête force 10 sur Ouessant.

Cette bête immonde à trôné de nombreuses années dans le salon, sous une housse à fleurs maison faite par les grands mères, personne n’osant balancer l’erreur à la poubelle car c’était un cadeau sacré.


Quelques notions de bricolage:

En temps que future "Idole des jeunes" il m'étais inconcevable d'apparaître avec une simple guitare acoustique, d'autre part "Zéro money, macache flouss, pas une tune" pour m'acheter l'outil "branché" nécessaire à mes 3 accords uniques, donc favoris :

MI - LA - SI7éme
(le dernier avec difficulté)

Je n'avais que 2 solutions à mes yeux une création totale ou la transformation de l'existante, j'ai donc commencé mon oeuvre de destruction par la transformation. Une bonne scie un peu d'huile de coude et voila une découpe florentine façon Gibson, une pièce de bois, pour masquer les dérapages, masticage, ponçage et direction l'atelier de carrosserie du père d’un copain.

Je voulais une guitare bleue, je l’avais vue dans un rêve, comme une prémonition, manque de bol, ce jour là il repeignait une 4CV Renault, j'ai donc hérité d'une guitare gris-vert, pas si moche que ça d'ailleurs, unique au monde en tout cas !
Le tôlier sympa m’avait offert un losange Renault de récupération, mais je n’ai pas poussé le vice jusqu’à
l’installer sur la tête de la guitare !

Seul problème les 4 couches croisées avec apprêt (que l’on met toujours avant !) avaient totalement étouffé le son, même en cognant comme un dingue à la Pete Towshend, je jouai maintenant en sourdine…… pour le plaisir de toute la famille.


Le groupe :

A partir de combien d’exécutants devient on un groupe ?
N’ayant pas trouvé de réponse formelle dans le dictionnaire, moi je dis en musique et dans mon cas ça été : DEUX !

A force de me trimballer avec une guitare, ça suscite des envies, des idées, voir des vocations et me voila interpellé par le garde champêtre qui a toujours rêvé d’un bel avenir artistique pour son fils, bien qu’il soit nul en tout et c’était de notoriété publique.
Il faut dire qu’au niveau nullité son père lui avait transmis tout son savoir, un vrai pro !

Seulement pour défendre sa cause et placer le rejeton, il à des arguments de poids, une batterie, enfin une caisse claire, disons un tambour et un « monstrasse » de grosse caisse qui avait du être faite sur mesure pour un Néanderthalien sorti tout droit des grottes de Niaux, elle est surmontée d’une toute petite cymbale.
Autre avantage, un nom est déjà peint sur la peau de la très grosse caisse « Arc-en-ciel » moi ça me va !

Me voila donc affublé d’un « batteur », je ne vous dis pas la cohérence sonore d’un chanteur s’accompagnant sur presque 3 accords avec une guitare au son étouffé, sous les roulements incessants d’un tambour minor ! (Dire ici tambour major, serait une insulte grave à la corporation)

Chaque fois que l’on passait devant la mairie on pouvait l’entendre s’entraîner sur « Tiens voilà du boudin » élevé au rang d’hymne familial, qu’il passait en boucle sur le « Teppaz qui gratte » Curieusement, chaque fois que je sifflais pour qu’il descende me rejoindre, c’était sa sœur aînée Francette qui pointait le bout de son nez à la fenêtre donnant à cette œuvre majeure un effet annonciateur et prémonitoire.

Il faut dire, à la décharge de ce pauvre garçon, bercé dès son plus jeune age à la musique préférée de son père, soit les oeuvres militaire de 14/18, qu’il n’a aucune connaissance du répertoire yéyé.

Mais ce n’est pas très important car il n’a qu’un mode de jeu, assez martial, le tempo est simplement accéléré ou ralenti suivant le besoin.
La technique est à base de roulements de caisse claire ponctués toutes les mesures alternativement par un coup de grosse caisse, et un coup de cymbale, de plus comme il n’a pas de pédale de grosse caisse, car n’oubliez pas que dans une clique cet instrument est porté, frappé bilatéralement et manuellement, il est donc obligé de se pencher sous la caisse claire pour frapper avec ses baguettes de tambour.

Allez, je ne résiste pas à vous en faire un bout :

Rararararararararara Poum (grosse caisse) Rararararararararara Ping (cymbale) et ainsi de suite, tempo au choix !

Comme il n’a pas de pédale, je lui suggère qu’il peut donner un coup de pied dans la grosse caisse au lieu de se pencher, une révélation ! C’est aussi pour cela que lors de nos premières exhibitions, il portait une charentaise au pied gauche afin de ne plus, comme aux premiers essais, trouer avec ses boots la peau de frappe en vachette locale.
Pour ne rien arranger à l’affaire le pauvre est très petit du bas de ses 14 ans, comme la grosse caisse est très haute et étroite, une fois assis derrière sur le pliant que son père utilise pour la pêche, il n’y à que la tête qui dépasse et vu sous un certain angle, la petite cymbale lui faisait comme un chapeau chinois, d’où son surnom inévitable:

TCHIN TCHIN

Et puis comme une traînée de poudre, l’information se propage, un groupe de twist s’est formé ! Les prétendants arrivent, d’abord Pépito, un brave gars qui travaille dur sur les chantiers pour aider sa famille, il s’est payé une guitare électrique archtop, une Framus je crois, je n’en ai jamais vu « en vrai » auparavant, elle est équipée des plus énormes cordes de type câbles de vélo, totalement injouable pour moi, lui ça ne le gène pas outre mesure, il à les mains totalement rendues insensibles par le ciment. Problème majeur, il ne connaît également que 3 accords ½ , mais pas les mêmes que moi, lui c’est DO – FA – SOL, et il chie le Lam un coup sur deux !
Remarquez qu’a-nous deux ça fait déjà 6 accords ½ et avec un peu de bonne volonté on y arrivera !
Puis c’est au tour du bassiste, enfin de celui qui aimerait bien être bassiste, qui n’a pas de basse, mais de bons talents de bricoleur, (et de bons talents d’homme d’affaires, salut Liberto) et enfin Riton guitariste équipé, semi pro, idole locale puisqu’il sait jouer « Apache » presque en entier !

Après quelques apparitions en public, chacun s’en retourna chercher mieux ailleurs, et ce n’était pas difficile !
Les groupes avaient une facilité de mixité incroyable, on pouvait commencer le mois chanteur chez « les Titans » transiter chez « les Twisters » en tant que bassiste et finir le 31 soliste avec « les Démons » de toute manière le répertoire étant quasi-identique, seul le jeu de scène pouvait changer légèrement, les pas à droite au lieu de commencer par la gauche !

L'accident:

Je sais c'est entièrement de ma faute, je n'aurai jamais dû refuser la priorité au camion des éboueurs qui passait tous les jeudis, mais à l'époque le jeudi, qui n'avait pas encore lieu le mercredi, était jour de fête devant le café central, donc parade des Mobylettes oblige, avec dérapages contrôlés si possible.
Je n'ai pas contrôlé, c'est tout !

Mais décrivons la "bête", c'était au départ une simple Mobylette "bleue" (les puristes reconnaîtront) de mon copain J.Claude mais puissamment kitée avec tout d'abord l'indispensable "selle double" pour pouvoir emmener la copine, heureusement ce jour maudit, personne d'autre à bord car j'étais en période de sélection.

(Pour être tout à fait honnête, c'était plutôt les filles qui recrutaient et je n'étais pas encore arrivé sur le podium!)

Ensuite carénage du phare avec mini pare brise, indispensable pour la position couchée dite en "recherche de vitesse" au-dessus de 25Kmh, et enfin le supplice, le petit guidon sport à bracelets qui augmentait le rayon de braquage de 15m et qui permettait de se pincer atrocement les doigts contre le réservoir.

Je suis donc seul, avec ma Paul Beuscher vert 4 CV en bandoulière à m'encastrer à 3 à l'heure, même pas en pleine vitesse comme James Dean, dans la benne des éboueurs devant le tout Tarascon sur Ariège en pleine foire à la volaille.... ça l'a bien fait rire........ La volaille.


Mais passons à l'essentiel, la guitare, caisse enfoncée, n'a pas résisté au choc, à la chute et à l'outrage public, de plus je me suis accroché mon pantalon « patte d’éléphant » à la pédale, j’ai donc maintenant un « patte de mammouth » à la jambe gauche !
Je suis reparti, comme un imbécile, en sifflotant l’air de rien, poussant d'une main la mobylette à la roue avant voilée qui faisait « COUIC COUIC » et le manche survivant de la guitare dans l'autre, la caisse elle est restée dans le camion benne assassin, j'y ai longtemps vu une marque du destin.

Cet événement crucial me permit de passer à l'étape suivante :

La fabrication de la guitare la plus nulle au monde.

(Enfin presque)



Mon chef d’œuvre !

J'ai donc un manche, il me manque le reste, surtout que tant qu'a faire, je veux une "électrique". Comme il est hors de question, de ma compétence et de mode de faire une guitare à caisse, la guitare sera donc "extra plate".

Mon copain, Liberto, avait une basse faite par papa, en chêne massif d'un seul morceau, corps et manche qui devait bien peser dans les 8kgs, comme elle lui avait flingué la 5ème & 6ème cervicale, je décidai de "faire léger" avec de l'aggloméré pour le corps.

Aggloméré: Matériau d'une nullité frisant l'extrême, consistant en l'accumulation de rebuts indéfinissables, certains disent du bois, compacté avec la colle la plus nocive qui soit, particularité:

IMPROPRE A TOUT.

C'était évidemment ce qu’il me fallait, d'autant plus que j'avais trouvé le morceau de la bonne taille dans une décharge donc "tout benef".

L'aggloméré présente comme caractéristique principale de ne pas pouvoir se découper proprement, surtout avec une scie égoïne.

Les courbes lui sont interdites, donc la forme serait spartiate, certains diraient maintenant avec le recul, futuriste, mais d'un sombre futur que l'on ne souhaite à personne, même à son pire ennemi trompettiste.

La forme générale indistincte donnait donc l'impression d'avoir été "bouffée" par de souris suicidaires et malgré de nombreuses tentatives de masticage on peut dire que c'était finalement une forme assez informe, avec le recul je dirai INFAME.
Par contre pas question de me faire avoir 2 fois pour la couleur, j'attendrais patiemment l'accident miraculeux qui me permettra d'avoir le bleu métallisé de mes rêves !

C'est un car d'excursion qui me procura cette grande joie, tempérée quand même par le fait qu'il avait percuté et envoyé dans le ravin d'Aston les rivières, un âne tirant une charrette ! La bête et la charrette n’ont pas survécu, le car oui....

Mais le malheur des uns ne fait-il pas le bonheur des autres ?

Et bien non !

La peinture, bleu métallisé de chez Berliet contenant un solvant assez fort, à ramolli la fameuse colle qui tient ensemble tous les morceaux, choucroute immonde de l'aggloméré et au premier accord sur la première "guitare souple" au monde je me suis pris le manche dans la gueule !

Tant pis pour les cervicales, j'entrepris donc de scier un nouveau corps dans le cadavre d'une table Henri II, une table de grand style, une référence quoi....

De nature le chêne est déjà un bois dur, avec 50 ans d’âge c’est redoutable, et quand l’ébéniste vicieux à caché au centre une plaque de métal pour renforcer la jointure la scie ne peut pas survivre....

Puis vint la partie beaucoup plus noble, l'électronique.

J'avais compris l'essentiel, il faut un micro, et comme mon copain Riton avait une Framus Hollywood avec un micro, j'en aurai au moins deux, sinon trois, seulement d'abord il faut aller jusqu'a Toulouse, et en mobylette ça fait loin et de plus, y'en à pas les sous ! Donc, comme d'hab...système D oblige et récupération de vieux téléphones réformés, jetés providentiellement dans la poubelle du bureau de poste.

Un téléphone se compose d'un micro et d'un haut-parleur, j'ai donc essayé toutes les combinaisons possibles, branché sur le poste radio "Blaupunkt" familial, en série, en parallèle, micro + micro, micro + HP, je soudai (avec des allumettes !) comme un fou toutes les résistances et condensateurs possibles prélevés sur des postes en fin de course, pour enfin en arriver à un résultat stupéfiant.....

Pour capter, ça captait, tout ou rien suivant les positions des (trop) nombreux interrupteurs que j'avais connectés, alors, contre toute attente est arrivé un son incroyable, sidéral digne de la guerre des étoiles, un bruit de turbine emballée dans lequel était noyé l'accord de guitare, un peu comme la machine à laver « Connord » de ma mère en position N°3 essorage, puis je pris une méchante « fritte » de 220V dans les doigts, ce qui fit vraisemblablement crasher la soucoupe volante,

Et le poste de radio pris feu !


Les grands Moyens :

J'avais enfin compris qu'il allait falloir sortir les grands moyens, c'est à dire pèter le cochonnou que je remplissais pieusement depuis la 1ère communion et envisager un vrai produit manufacturé, d’autant plus que le réparateur de radio n’arrêtait pas de répéter devant la carcasse du Blaupunkt semi calcinée,

« Houlalalala, mais bon dieu, qu’est ce qui est arrivé !!! »

J’avais réussi à me procurer différentes brochures publicitaires de guitares, dont l’incontournable collection « Paul Beuscher" puisque j’étais client fidèle.
Ses illustrations en noir et blanc me faisaient penser au catalogue « Manufrance » véritable bible familiale dont la lecture permettait aux plus constipés de passer le temps en s’instruisant, je vous recommande page 368 du catalogue 1962, la machine à boucher les bouteilles, modèle professionnel semi-automatique à 8000F, le modèle automatique à viroles en laiton recuit lui est hors de prix ! Il y avait aussi des guitares sur « Manufrance » mais pas des électriques, heureusement ???

L'occasion ne se présenta que quelque mois plus tard, un autre rêveur qui avait dû lui aussi se faire fourguer la « méthode rapide » avec la guitare, avait carrément pété les plombs et renoncé à son avenir de star Ariégeoise.

Comme il n’avait pas de bol il s’était également fait valider un rejeton à la livraison proche dont la provenance était plus qu’incertaine car en fabrication chez « La Monique » que connaissaient bien ceux de la clique, (deux qui la tiennent, trois qui la n....... c’était pas la même, car il n’y avait pas besoin de la tenir c’est tout !)

Sur les conseils de son futur beau-père, qui avait été obligé d’accepter le « tirage au sort » et là l’expression prenait tout son sens, pas de recherche ADN à l’époque, il souhaitait donc se débarrasser de sa guitare une Hofner 3 micros quasi-neuve en skaï blanc (avec vibrato SVP) qui pourtant semblait fiable ELLE, pour acheter du matériel de pèche au lancer plus apte à subvenir aux besoins basiques du futur ménage, et oui tous les goûts sont dans la nature !

Je négociais le paiement fractionné (très fractionné) de l'équipement complet en bambou refendu au quincaillier qui était le père d'une copine, la contrepartie, car il y à TOUJOURS une contrepartie en "business" était d'avoir sur scène lors des 3 mois suivants, c’est à dire peut-être 2 concerts ? Un panneau publicitaire qui officialisait le nouveau partenariat de la quincaillerie MXXXXXD avec Duralinox, le célèbre fabricant de casseroles.

Le panneau en question, d'a peu près 2m x 1.5m représentait une jeune ménagère béate, disons le, l’air franchement idiote, tenant dans chaque main une casserole qui selon le slogan lui permettait de voir "la vie en rose" pour un peu on aurait dû jouer la rengaine en indicatif.
Bien sûr on essayait discrètement de faire tomber le panneau avec nos "jeux de scènes" intempestifs, mais les groupes concurrents, donc des jaloux, nous ont appelé "les casseroles" pendant un petit moment.


La célébrité:

Et oui, c'est vrai, la célébrité peut arriver comme ça du jour au lendemain, sans crier gare, notre réputation qui jusque là se résumait aux copains du lycée, va s'étendre d'un seul coup à la ville toute entière, un véritable Tsunami artistique, certains ont même dit plus tard LA VRAIE révolution intellectuelle pré 68.

Il faut tout d'abord rappeler qu'a cette époque en 62 les chansons "pour jeunes" n'étaient que des adaptations de tubes américains, avec des orchestrations plus ou moins douteuses interprétées par des jazzmen n'ayant pas le style.

La plupart des musiciens de groupes de twist et de rock de cette époque ayant été doublé par des "requins de studio" car l'heure d'enregistrement coûte cher "Time is Money"!

Mais le cauchemar se situait surtout au niveau des paroles totalement INDIGENTES, dont l'exemple académique suivant:

"Ma p'tite amie est vache, je n'vous dit que ça,....HAAAAA, au fond elle est bien plus vache que moi, oh ouai oh ouai... » (Chats Sauvages, adaptation de Mean Women Blues d’Elvis)
Je vous épargne la suite !

Donc, à chanter des conneries, autant chanter les miennes, c'est de ce constat que sont nées les oeuvres telles que:

- Je partirai, c'est sûr..
et aussi
- Rendez-vous ce soir derrière l'église...
ou
- "Pin-Up" dont je ne peux m'empêcher de vous citer le premier couplet qui met tout de suite en situation:

- J'rentre dans un bar, tout c'qui à d'bien
- Avec ma guitare, vu qu'on est copain
- J'commande un whisky avec entrain, et soudain...
- Des Pins up....... y'en à partout,
- Des Pins up........des pas mal du tout
- Des Pins up .......les autres sont jaloux
- Des pins up, des pins up j'en suis
fou...OUOUOU......OUOUOU
(À l'octave comme Johnny)

Et surtout le célébrissime slow :

- Si ce n'est pas toi, c'en sera une autre...
dont voici l'unique couplet servant également de refrain:

Si c'est pas toi, ça sera une autre
Et ce n'est même pas de ma faute
Quand tu n'est pas v'nue
J'ai bien compris qu'j’avais perdu

La structure du morceau était simple mais efficace, couplet, solo de guitare reprenant la ligne mélodique façon "Shadows" en moins bien et avec plus de vibrato (comme si c'était possible) à nouveau le même couplet (si, on à le droit!) puis toujours le fameux couplet mais sans paroles et bouche fermée: MMMMMM.....

Et les jours d'ambiance, reprise du COUPLET par le public, qui avait eut le temps d’apprendre le texte.

Avant de rire analysez bien la construction basique au premier abord de ce qui est en fait la quintessence d'un concentré de pensées profondes.

1er partie de la phrase à capella " façon Alain Barrière dans "Ma vie"

"Si c'est pas toi..... (Roulement de caisse claire).....
Ça sera une autre" (la basse, poum.....poum poum, poum....poum poum)
Notez bien la logique extrême des mots qui permet à peu de frais de s’adapter à différentes situations, par exemple:

"Si c'est pas toi, ça sera NULLE autre", pour celui qui en à mare des expériences malheureuses et qui veut rentrer au monastère.

"Si c'est pas toi, ça sera UN autre" pour un show "chez la grande Zaza", on se fera toujours des copains !

"Si c'est pas toi, ça sera LES autres" pour une soirée échangiste au Cap d'Agde ou dans les caves de La Courneuve.

"Et ce n'est même pas de ma faute...."

Bon, je sais la rime est faible, ma comme j'aime trop la 1ère phrase, pas question de changer, je ne vais quand même pas écrire: "et ce n'est même pas de ma FRAUTE" quand même !
Comme rime exacte, ayant utilisé "Autre" il ne me restait que Apôtre (berk!) et Cotre, mais qui peut utiliser un terme de marine dans une chanson d'amour à part Hugues Aufray ?

"Quand tu n'est pas v'nue, J'ai bien compris...qu'javais perdu"........

Logique non, à moins qu'elle ait loupé le car de Pamiers...

Quelques années plus tard lorsque je sévissais en mercenaire dans les bases américaines du côté de Châteauroux et que les GI's étaient encore plus allumés que nous, je me sentais des fois d'humeur légère, je modifiais la dernière phrase et ça donnait:

"Quand tu n'est pas v'nue, J'ai bien compris que je l'avait dans le...."

Immanquablement le bassiste (spécialiste des basses oeuvres) faisait mine de m'enfoncer un pied de micro au même endroit, on s'amusait d'un rien je vous dit !



Le jambon

Quand il y à qualité, le public ne peut que s'en rendre compte immédiatement, mais un petit coup de pouce ne fait pas de mal.
En ce qui nous concerne, c’est grâce au père d'un copain supporter, travaillant à la mairie qui avait ses petites entrées à Radio Des Vallées, concurrente de Radio Andorre qui nous obtint, contre un Jambon de montagne, le passage pendant 3 jours d'un enregistrement de 2 titres fait sur le magnétophone à bande Uher du curé.

Cet enregistrement homérique, réalisé entre deux sermons, contenait bien involontairement, le bêlement des chèvres de l’étable jouxtant le presbytère, juste au moment crucial, pendant le silence entre :

« Si c’est pas toi.......... (beh beh).........ça s’ra une autre »

Il n’y avait rien à faire, on avait beau guetter une accalmie, dès qu’on reprenait le morceau à cet endroit précis, les chèvres faisaient les chœurs, j’ai essayé de les convaincre par tous les moyens, réprimandes, nourriture, autant de tentatives infructueuses, j’ai toutefois été obligé d’écourter les caresses qui semblaient donner un bon résultat car le bouc jaloux (à tort) commençait à me faire la gueule en raclant nerveusement du sabot.

Finalement après plusieurs écoutes, on s’y est fait, c’était même pas mal, du Pink Floyd bien avant l’heure, j’ai, subtilement, il faut le dire, modifié le texte, et ça donnait :

« Si c’est pas toi............ben..........ça s’ra une autre »

Ça faisait un peu normand « P’tet ben qu’oui, p’tet ben qu’non » mais ça passait à l’aise.

TRIOMPHE, n'est pas un mot suffisant pour décrire l'admiration ourlée de larmes des filles de la classe qui jusque là nous considéraient comme les "branques à la bétaillère" (voir plus loin)

On était invité dans toutes les « Boums », on signait même des autographes, sur les cahiers de cours, sur les disques des idoles que l’on plagiait, sur les bras des filles, voir ailleurs pour les plus aventureuses dont Gisèle, qui à refusé de se laver la cuisse gauche pendant plus d’un mois !

A la fête de fin d'année du lycée, on à même vu, parait-il, l'austère prof de math Mme Marty debout sur son fauteuil en train de taper des mains et des pieds au rythme de "Long tall Sally" version très hard (il n'y à jamais eut de version soft!)

Cette petite gloire était due en partie à notre répertoire, il est vrai, qu’en 63 avant mes compositions intégrales, on n'avait pas un répertoire étendu, le show se constituait de 15 chansons fractionnées en 3 passages.

Tout d'abord pour "chauffer" la salle, nos 5 titres phares en V.O, c'est à dire anglais Yaourt, 4 rocks chantés et un instrumental perso, vaguement pompé sur "Guitar Boogie" d’Arthur Smith, un break de 10 minutes pour laisser nos fans se reposer la voix et le batteur ses petits bras tout maigres.

Question: Pourquoi avoir choisi un gringalet plus destiné au pipeau et qui ralentissait le tempo à vu d’œil ?
Réponse: On ne connaissait que celui là, et de toute manière c'est le seul qui venait d'avoir le permis et à qui son père confiait la « 203 Peugeot bétaillère » !

2ème passage, comme on ne connaissait pas d'autres morceaux que ceux déjà "exécutés" (le mot n'est pas trop fort) j'avais trouvé l'astuce imparable d'annoncer :

" A la demande générale, nous allons rejouer VOS morceaux préférés"

Et hop! 2ème couche, mais comme le batteur faiblissait encore on perdait, au fil des morceaux la moitié de l'auditoire, re-pose de 10 minute, le batteur est livide et appréhende sérieusement le 3ème set.

Profitons de la 2ème pose pour parler de notre système d'amplification qui était à base de poste de radio familiaux, c'est à dire que quand il y avait "show" sur scène, ceux qui n’étaient pas venu nous « supporter » ou qui ne nous supportaient plus, ne pouvait plus écouter Zappy Max à la maison !

Ces postes avaient un grand avantage, entre les sets, il suffisait de tourner un bouton pour que le public ne s'ennuie pas trop..... Au début on se calait sur Radio Monte-Carlo, mais comme on tombait souvent sur "l'homme des vœux Bartisol" on est passé sur Radio Andorre"

En contrepartie, le point faible des "amplis" était le gabarit, notamment celui du guitariste rythmique qui était incorporé dans le buffet du salon, façon meuble scandinave, vernis polyester oblige. Un bien bel objet....Un collector !

Un jour ou nous n'étions pas en avance, on avait même oublié de retirer un peu de vaisselle dans la partie gauche, sous les vibrations des 5Watts à fond et les derniers soubresauts d'agonie du batteur, la porte s'est ouverte et.....

Allons courage, dernier passage, devinez notre choix de chansons, les mêmes bien sûr, mais avec un tempo ralenti (de toute manière vu l'état du batteur, on n'avait pas le choix) et pour couronner le tout, en Français sur des textes perso.

Là l'auditoire se réduisait d'un seul coup aux plus stoïques, c'est à dire de très rares fois à nos familles, quand elles ne pouvaient pas faire autrement, et au « noyau dur » de quelques fans irréductibles en transe, les yeux révulsés à qui on aurait pu chanter n’importe quoi en Javanais sans qu’elles s’appercoivent de la différence.

Une jeunesse déjà bien malade ma
Pauvre dame !


La photo d’art

On avait remarqué avec les copains que la notoriété pouvait être obtenue par 3 vecteurs différents:

Les prestations scéniques : ça on maîtrisait à peu près.
Les passages radio : on commençait tout juste
Les articles dans la presse : à part quelques entrefilets et une photo du concours de twist à Foix, avec les pompiers parce que 2 amplis neufs sur 3 ont brûlé sur scène, y’en avait pas
On était court dans ce domaine, et après analyse et discussion avec le pigiste de la feuille de choux de Pamiers, il était évident qu’on manquait de belles photos !

Quand on parle de photos, pas celles faites avec le Brownie Flash familial, non, des photos de pro, seulement voila le hic, pour ça il faut aller chez « Loulou » l’artiste, le Fregoli de la chambre noire qui grave pour la postérité, de la naissance à l’enterrement toutes les étapes de la vie locale.

Mais, car il y a un mais, il est cher, et il à des idées artistiques assez classiques, disons grecques, donc un goût prononcé pour les jolis garçons que nous sommes, il va falloir donc, desserrer les cordons de la bourse et resserrer les rangs dans les coulisses.

Une véritable abeille en folie, les artistes il connaît c’est vrai, ayant réalisé à l’improviste, un superbe portrait de Georgette Plana buvant de l’Izzara (jaune) à la bouteille et une prise sur le vif de Poulidor dédicaçant une photo sur le dos d’un admirateur bossu à l’arrivée du tour de France au Mas d’Auzil.
Son chef d’œuvre incontestable restant une vue plongeante du clocher de l’église de tout le CM2 Saint Gaudens dans leur reconstitution de la nativité en 1957.

Petit aparté pour dire que, parait’il, ce jour là le drame à été évité de justesse car Blanchette, la vache jouant le rôle du bœuf de la crèche vivante, avait balancé une bouse incroyable, sur le poupon celluloïd qui faisait doublure en attendant que madame Berthier ait fini de donner le sein au véritable acteur « back stage » la production laborieuse de la petite poitrine de sa mère a sauvé Jésus II d’un étouffement atroce, encore un miracle de Noël !

Mais revenons à Loulou, il à ses idées, et nous les nôtres, d’abord le décor, il essaye d’amortir sans succès les panneaux décorés qu’il utilise pour les mariages, on évite donc les colonnes empire recouvertes de glycine, idem pour la photo exotique avec les dromadaires faisant la sieste dans l’oasis, nous optons de concert pour les tentures sombres réservées aux enterrements en évitant toutefois les couronnes latérales qui auraient donné un coté trop formel, j’allais dire trop Formol, suis-je bête !

Loulou est au paroxysme de l’excitation car il sait que s’approche son moment favori : tenter de nous attirer dans la chambre noire pour le développement, lui l’a déjà commencé, étant sans doute en pleine érection, ce qui le gêne dans ses déplacements, il marche à grandes enjambées, les jambes écartées, en position basse, pour cacher son émoi il prétexte une chute d’âne la veille, mais nous ne le croyons qu’a moitié.


Profitant de l’absence de Mimi le batteur qui cherche à échapper au satyre dans le labyrinthe des décors, nous décidons à l’unanimité des restants que si par malheur il faut en sacrifier un, ce sera lui !

D‘abord il semble avoir été définitivement élu par la partie adverse, ensuite c’est celui qui sert le moins dans le groupe, car souvenez vous il fatigue vite, ensuite il n’avait qu’a être là au tirage au sort, pour ne pas finir tiré !

Mais heureusement nous n’en sommes pas arrivés à cette extrémité, tout est rentré dans l’ordre avec la venue du facteur qui, amenant l’enveloppe du 3em tiers fiscal, à sérieusement refroidi les ardeurs du père Dupanloup.

Quant à la photo, pour la pose nous avions honteusement copié une épreuve d’Eddy Mitchell et les Chaussettes Noires, sans instruments, dans des positions étranges et figées sans doute influencés par l’émission TV de Pierre Dumayet de la veille « La caméra explore le temps » dont le sujet était « la position des mains dans les danses balinaises.

Une vraie photo d’art !

Nous avons payé sans sourciller la somme rondelette de 10.000F (15€) car quand on aime on ne compte pas comme disait Jean Bedel Bokassa, qui adorait vraiment sa grand-mère et qui en reprit deux fois !



Le « Jeu de scène »

Il est inconcevable pour tout groupe de rock qui se respecte de ne pas avoir de « jeu de scène »

Le plus peinard est le batteur qui n’est pas concerné, et dans notre cas il vaut mieux, car lui demander un effort intellectuel pendant sa prestation eut été suicidaire, déjà qu’il lui fallait toute sa concentration pour ne pas ralentir (accélérer ne lui à jamais été possible) heureusement que l’on n’était pas encore à la période pop Anglaise ou Keith Moon faisait tourner les baguettes !

S’il y à un clavier, même topo, il peut à la limite bouger la tête en rythme façon Gilbert Montagné, tenter de mettre le pied droit sur le clavier pour singer Jerry Lee Lewis avec le risque d’attraper un lumbago, ou le plus intéressant pour la rigolade, se lever pour nous faire Little Richard dans ses oeuvres ce qui nous permettait bien sur de lui retire son banc au moment ou il voulait se rasseoir !

Non, le gros du boulot revient aux guitares et surtout au chanteur qui en plus dispose de l’usage de ses mains pour parfaire le truc.

Pour les guitaristes le style de l’époque consiste soit en un lancement latéral et alternatif des jambes, soit un pas chassé de côté, basse et guitares ensemble si possible, et c’est là que le bât blesse, déjà difficile à 2 guitares, cela devient quasi impossible à 3, les plus grands groupes qui s’y sont risqué se sont plantés régulièrement.

Je me souviens notamment de la première fois ou j’ai vu les Chaussettes Noires au théâtre de Verdun, en 62 je pense, ils n’avaient que leur premier EXCELLENTISSIME album à leur actif, c’était donc un de leur tout premier gala, ils se déplaçaient avec 2 breaks DS, hyper sympas et disponibles, j’ai toutefois le regret de vous dire, que pendant leur plus mauvais morceau « La Bamba » qui clôturait le show, Aldo à foutu plusieurs fois un « coup de latte » à Tony qui avait décidé de partir du mauvais coté, comme quoi quand la crème du rock français n’y arrive pas, pensez les amateurs.

Plus tard, avec les Beatles, est arrivé le mouvement d’épaule coordonné vers l’avant, mais là on est déjà dans la haute chorégraphie !

Le guitariste « solo » à également le droit et le devoir de s’essayer au « pas du canard » cher à Chuck Berry, mais attention, il est à noter des fins de carrière anticipées dues à sa pratique incontrôlée.

Je signale notamment la haute dangerosité du trou du souffleur dans les théâtres de province, ayant personnellement expérimenté celui de Pau, qui de plus était occupé par un fan plus malin que les autres, mais mal inspiré, il voulait nous voir « de près » Il à bien vu mon pied droit, suivit de la jambe tout entière !

Le chanteur « sec » (sans guitare) à toute latitude pour occuper la scène et on à vu des choses tellement incroyables que même les funambules de Pinder en étaient jaloux.

Mon classement de ceux qui ont réellement contribué à l’évolution du jeu de scène :

1/ Elvis à inventé conjointement le jeu de jambe, et le déhanchement du pelvis favorisant de ce fait le développement de l’ostéopathie.
Si on observe bien les documents d’archive on constate également qu’il développait un talent d’équilibriste certain car ses mouvements de bras lui permettaient de rattraper les situations scabreuses ou son bas du corps sur la pointe des pieds, l’avait fourré.
Plus tard, il inventa, reprise par beaucoup, la chute à genoux, sur la fin de sa carrière, vu son poids, il était obligé de porter des coquilles pour ne pas se flinguer les rotules.

2/ Vince Taylor que j’ai bien connu, s’était inspiré fortement d’Elvis et de Gene Vincent, c’est vrai, mais avec son style perso, c’est à dire plus mou et sinueux entrecoupé de mouvements très violents, attention à la chaîne qui tourne ! Il nous faisait du nunchaku avant l’heure.

3/ Gene Vincent avait hérité d’une « patte folle » après son tristement célèbre accident de Londres mais il avait su tirer profit de son infirmité et avec un pied de micro à embase ronde il avait des attitudes incroyables, accompagné par les Sunlights à Toulouse un de mes meilleur souvenir de spectacle.

4/ James Brown, était un véritable poème, avec lui est arrivé le jeu de scène sportif et gymnique, pas à la portée de tout le monde, Paris, un de ses premier concert, grâce à la complicité de copains qui font l’ouverture, je suis back stage !

L’idole se prépare en sautillant sur place et fait des assouplissements, on voit qu’il à été boxeur, il transpire déjà comme un dingue dans son costume étriqué mauve, autour de lui une foule de collaborateurs dont les fonctions ne semblent pas bien définies, on se croirait dans le métro aux heures de pointe, il y à notamment une sorte de gourou qui n’arrête pas de parler en lui maintenant une serviette sur la tête, James hyper concentré ne parle pas, ne se chauffe pas la voix, il acquiesce simplement d’un « YEAH MAN » à chaque recommandation.

Puis c’est le grand moment, un flandrin hyper excité saute sur scène, harangue la foule pendant 3 minutes et enfin annonce :

« Ladies and gentlemen, the king of Soul, himself
Mister James….......Brown »

L’athlète entre en courant par l’arrière de la scène, saute par-dessus la batterie et retombe en grand écart le tout souligné par l’orchestre : Baoum !

« Aou..................I feel good............ »



Les fans

A ce titre, je ne sais pas pourquoi on à toujours eu les fans les plus môches, on voyait bien que celles qui suivaient les autres groupes avaient moins de boutons, une malédiction, une maladie locale ?
On n’a jamais su, par contre, dans la "bétaillère" elles ne faisaient pas tâche.

Enfin, pour en finir très temporairement avec les groupies, et je sais déjà que je vais faire de la peine à toute une génération de mères de familles Ariégeoises maintenant honnêtes et rangées, JAMAIS comme au spectacle que nous avons donné au collège professionnel féminin à Foix, une horreur !

L'auditoire était composé, parait-il, exclusivement d'individus de sexe opposé, de toute tailles et de formes plus ou moins définies, sortis tout droit d'un tableau de Gérôme Bosch.

J'ai cru tout d'abord que je souffrais d'une intoxication alimentaire hallucinogène à cause du civet de lièvre aux cèpes d’avant spectacle (il ne faut jamais jouer le ventre vide), mais l'inquiétude qui s'inscrivait sur le visage de mes partenaires me fit vite comprendre que non.

Pour une fois qu’ont faisait vraiment un tabac !

Tu parles, elles ne devaient pas avoir vu un garçon depuis la maternelle, vraisemblablement tenues recluses par arrêté préfectoral !
De plus le concierge de l'établissement devant se faire suer toute l'année scolaire à dompter les naines, s'était découvert une vocation pour les métiers du spectacle et avait décidé de nous faire pèter un "show light" avec l'unique projecteur "gamelle" de 1000W de la salle des fêtes.

Son idée principale, et unique d'ailleurs, était de m'envoyer, avec un regard démentiel, alternativement le faisceau en pleine poire, puis d'éclairer une de ces hystériques qui faisaient langoureusement glisser leurs bretelles de soutien gorge en se trémoussant sur " The Locomotion " c’était ignoble, quant à un moment il en cadra une particulièrement moche, ASSEZ BOULOTTE, et je pèse mes mots, qui essayait tant bien que mal de lever alternativement ses jambons pour monter sur scène dans le but de réaliser son fantasme ultime,

Le viol collectif du groupe.

Cela en fut trop pour notre hercule de batteur qui tomba de frayeur à la renverse, signe d'un repli stratégique d'urgence digne des Beatles à New York.

Je décidais de tenter de sauver notre peau en demandant à la surveillante générale, maîtresse de cérémonie, de sucrer la 3ème partie du show dont mes textes érotiques en Français du genre
"Oh baby veut tu m'aimer ce soir," auraient pu définitivement déclencher la bacchanale fatale.

Elle accepta de bon cœur d’avancer le clou de la soirée, le célèbre loto par équipes dont le premier prix, un pèlerinage à Lisieux faisait rêver secrètement les pensionnaires qui avaient toutes le béguin d’Albert le chauffeur du car.

L’année précédente le pèlerinage de Lourdes, avec visite de la fabrique de cierges avait parait’il été un succès total, malgré la disparition encore inexpliquée d’une partie des modèles d’exposition.

Quant à la surveillante, qui après les différentes libations d’usage avait déjà un bon coup derrière la cornette, elle insista lourdement pour nous aider à nous changer dans les coulisses en prétextant que ça faisait partie de son travail, surveiller.....

Elle surveilla sans relâche jusqu’a l’extinction de tous les feux.

Rocker en mal de public féminin,
Foix, bonne adresse.


L'immigration:

1964 c'a y est, on peut ranger les bottes en caoutchouc, "on va à la ville, vingt dieux !" Direction Toulouse.
Pas de problème pour l'essentiel à mes yeux, retrouver au plus vite de quoi former un groupe. Entre les nouveaux potes du quartier et ceux du lycée Bellevue, vite fait, mal fait, on n'a pas le même style, trop clean et jazz à mon goût, "j'veux du rock" en cherchant bien je fini par trouver quelques branques qui avaient les cheveux longs (normalement) du matos (pas assez) et de l'acné (trop).

A ce sujet je pense que j'ai partiellement raté ma jeunesse car je n'ai pas eu beaucoup d'acné !

Donc pendant que me copains étaient occupés à se percer les boutons et se tartiner au "Clearasil" (la bonne dose....un tube par joue) ça me laissait pas mal de temps libre et j'avançai donc plus vite dans la découverte de ces individus étranges que l'on appelle les filles.
Elles n'étaient pas TOUTES si môches et bêcheuses comme disaient certains, surtout ceux qui se faisaient rembarer à la série de slows, à mes yeux elles étaient juste un peu moches et pas assez faciles...

Honnêtement, il y en avait quand même de mignonnes en cherchant bien, surtout à Toulouse ou le cheptel est important.

Les "Louloutes" Toulousaines ont toujours eut une excellente "image"...........mais dès qu'on mettait le son, assez souvent les "Putain con...." refroidissait mes ardeurs, mais pour les indigènes c'était normal......con !

Le clavier:

C'est donc à Toulouse que j'ai fait ma première rencontre avec un "clavier" c'est à dire un individu palot, puceau et très introverti (je n'ai peut-être pas le tiercé dans l'ordre) il s'appelait Gérard, non pas Gérard Salesse, notre Eurovisionman, un bon lui, qui était bien palot, pas trop puceau, et assez peu introverti à partir du 6em pastis.

Le pauvre Gérard en question s'était réfugié dans le piano (pas à l'intérieur, que vous êtes bêtes) pour s'évader d'une mère atrocement abusive qui le pouponnait au paroxysme, disons le tout de suite, elle lui cassait franchement les couilles, et à un age ou il aurait bien voulu commencer à s'en servir ce n'était pas intelligent !

Donc un jour, entre deux cours, il me demande timidement est-ce que vous n'auriez pas besoin d'un clavier ?

Encore traumatisé par l'accordéon de mon frère le seul mot clavier m'a donné la nausée pendant un instant, mais je ne pouvais pas me permettre de louper un Little Richard ou un Jerry Lee Lewis local et puis il faisait tellement de peine le pauvre !
L'instrumentiste c'est bien, mais quel instrument ?

Pas question de penser au piano, il aurait fallu des déménageurs à chaque déplacement, dans le groupe on devait peser 100kgs à nous 5, donc Gérard sort son joker et me dit :

Mais j'ai un orgue!

Un orgue tout de suite ça fait sérieux, accord des 3 autres déjantés pour "auditionner" Gérard et son orgue.
Cet engin lui avait été donné par son oncle chanoine à Labège quand il y avait eut, il y a bien longtemps, l'électricité branchée au village, il n'avait plus d'utilité car pour l'occasion la paroisse s'était fendue d'un guide chant moderne donc électrique.

Celui ci avait été réformé (pour des catholiques c'est un comble) à la mort de son utilisatrice nonagénaire, après un demi-siècle de pédalage intempestif, elle n'en voulait pas d'autre car le mouvement soulageait sa phlébite de la jambe gauche (la droite allait encore bien)

Il s'agissait donc bien d'une antiquité authentique, un guide chant à pédale et poussoirs "Merlinaud & frères" que nous a longtemps envié le musée de Lourdes.

Une fois bien ciré, le meuble était joli....... il y avait même de la place pour ranger des Chocos BN et 6 canettes de bières, c'est à dire 1/2 heure d'autonomie du batteur, mais le son, MAMAN, on entendait SURTOUT l'air qui passait.

Comme je trouvais Gérard trop anémique, je décidais de le faire jouer debout (eh oui on était précurseurs) et moi assis, pour pédaler furieusement, mais ce n'était pas une vie, car poser la guitare, traverser la scène à fond pour arriver juste au moment du solo d'orgue, ça ne faisait pas sérieux.

La chose n'étant plus possible longtemps, pour diverses raisons, dont le ridicule, nous avons vite fait de bricoler une soufflerie avec un moteur d'aspirateur, efficace mais assez bruyant, voila pourquoi pendant tous les solos d'orgue le batteur tapait si fort, pour couvrir le souffle, et ça lui donnait soif !

De plus grâce à un ingénieux système de dérivation et les accessoires idoines on pouvait toujours faire le ménage une fois la répétition terminée, nous aurions pu être classés LABEL VERT, le groupe le plus propre de Toulouse.

Puisqu’on est dans le ménager, coté guitare j'avais toujours l'Hofner blanche, pratique le skaï, pas si salissant que ça, de l'eau chaude et 2 gouttes de Paic vaisselle....


Le Bob Rock :


En 64 notre terrain de chasse favori était le "Bob Rock" installé dans un ancien tennis couvert, plein centre ville ou tous les groupes locaux ont fait leurs débuts et certains leur début et fin de carrière dans le même après-midi !

Cette Mecque du rock toulousain, stratégiquement placé contre l’institut « Notre dame de Nevers » me changeait des Ariégeoises (et surtout de Foix) rien à jeter, que de la bonne marchandise.
Il est toutefois temps de rétablir la vérité concernant le projet de creuser un tunnel sous la rue nous séparant, c’était un tunnel d’évasion des pensionnaires Saintes Nitouches, pas d’invasion, comme il à pu nous l’être reproché par la police municipale inquiète (à juste titre) de l’effondrement éventuel de la chaussée.

L’idée du rapprochement de deux catégories de jeunes « biens sous tous rapports » est venue tout naturellement aux deux parties lors du croisement répété des filles, revenant en bon ordre après le cours de sport au Pré Catelan qui coïncidait avec la sortie en désordre des musiciens après les répétitions.
Il faut bien les comprendre ces petites, pensez donc à leur motivation, tout ces (beaux) garçons chevauchant Solex, Mob, Scooter, c'est dire, la classe totale,! On avait même vu dans notre Golf Drouot à nous, Daniel Gérard et Richard Anthony venir y boire un diabolo menthe.

C’était donc le lieu IN !

Puisqu’il y avait accord bilatéral, il fallait absolument trouver une idée géniale.

Des deux cotés du mur de 6 mètres de haut, ça cogitait ferme, on communiquait à l’aveugle avec des mots griffouillés sur des feuilles de papier attachées à un cailloux qu’on envoyait avec un lance pierre, de temps en temps bien sûr on flinguait un carreau de la sacristie mitoyenne, jusqu’au jour ou un copain de lycée, Riri, nous à révélé que sa petite sœur y était pensionnaire, elle fut donc chargée du courrier dans les deux sens.

Les filles nous envoyaient des missives enflammées assez prometteuses (en fait je crois qu’elles se foutaient un peu de nous) les garçons plus techniques et pragmatiques proposaient des « solutions techniques » d’évasion.

L’idée folle du tunnel vint de Jeannot de la citée de l’Hers, qui donnait de temps en temps un coup de main à son oncle fossoyeur, il avait déjà le matériel et le savoir-faire, mais l’ampleur du projet lui faisait un peu peur.

Moi j’étais pour la ruse, le cheval de Troie, proposer d’accompagner la chorale pour la fête de fin d’année, surtout qu’on avait un orgue drôlement rodé pour le répertoire, le fameux « Merlinaud & Frêres » prêt à rugir l’ Ave Maria revisité façon The Animals.
Ca à faillit marcher mais on a dévoilé nos batteries trop tôt, je veux dire par là qu’à la première répétition test le batteur à « dévoilé » la nature de son intérêt en se faisant chopper dans la buanderie avec une délurée qui l’avait honteusement attiré contre sa volonté....... disait’il.

Après cette tentative intelligente mais malheureuse, les plus extrémistes des filles conseillèrent le somnifère dans la tisane du soir améliorée au « Quinquin » que les surveillantes s’octroyaient pour mieux méditer, disaient-elles !

Certains garçons en manque préconisaient le rapt pur et simple d’une demi douzaine de jeunes filles (de préférence celles qui ne l’étaient plus) mais bien sélectionnées quand même, au retour de la gym, façon « enlèvement des Sabines » ce qui tombait bien car il y en avait justement une Sabine dans le lot, la gloutonne de la buanderie !

Tout ceci tourna court lorsque Jeannot ne voulant pas attendre le courrier hebdomadaire, envoya a la fronde et au jugé le plan du tunnel qui manqua de peu le pif de la supérieure, le plan étant d’importance, le caillou missile était gros !
Arrêt du projet.

Au BOB ROCK les filles se chassaient à l'affût, et oui, on servait d'appelant, elles venaient là toutes seules car on y jouait, mal, mais on y jouait !

A l'époque on était largement aussi con que les jeunes de maintenant, mais on était de "jeunes cons" maintenant les jeunes sont déja de "vieux cons" et tristes par dessus tout !
On riait de pas grand chose et de rien, pas d'états d'âme politiques, pas de Sida, c'était la fête et je me pétais la voie sur :
« Nobody.....Nobody but you...... »
(The Lafayette’s)


Merci Mr Bouyer :

Pour l’amplification voix/guitare j'utilisais un ampli de sonorisation Bouyer de 40W et la colonne du même fabricant.
Qui n'a pas connu cette merveille, le cube tout métal, incassable, parasismique, toujours prêt comme les Scouts de France.

M. Bouyer de Montauban, vous étiez un incontournable du développement musical Français, agréé par l'Armée et l'administration, faut le faire quand même!

Bien que l'on n'ait pas encore fini d'explorer le potentiel d'utilisation de cet ampli, je signale, entre autre, son aptitude tout à fait correcte à servir d’escabeau, de lest dans le coffre avant des « Dauphines » par temps de verglas, de projectile en cas d’émeute et de chauffe-pieds dans les salles des fêtes en plein hiver, retirez vos pompes et montez directement dessus, ampli à fond, un régal pour les petons.

Avec un ampli Bouyer, on était sur d’une chose, on aurait du son, pas excessivement puissant ni personnalisé, mais un son très honnête quand même, sur la fin de mon utilisation de ces amplis, j’avais compris le process, il suffisait d’intercaler un préampli pour sculpter le son, ce qui présentait l’avantage de booster la puissance et le tranchant.

Je serai plus réservé par contre en ce qui concerne la colonne de sono du même moule qui semblait avoir une propension à choisir ses notes, elle avait ses têtes "tiens celle là ne me plait pas, je v'ait pas la passer......" ou bien "j'ai fait l'effort d'en passer 4, je m'arrête un peu........." Ceci dit le son n'était pas désagréable, si on aime le son hall de gare de Montauban.

(Montauban, tout le monde descend.....dixit le chef de gare !)

Remarquez que la colonne 4 Haut parleurs était une sacré avancée technologique par rapport au cornet pavillon du même métal et du même fabricant, vous ne pouvez pas l’avoir manqué, il a équipé toutes les mairies et gares de France.

Je branchai également mon micro chant un Mélodium, plus tard un LEM, sur la deuxième entrée de ce matériel de haut vol, mais là se posait un autre problème, celui de la colonne solitaire.

J’explique le dilemme:
Avec une seule colonne, il faut choisir, suivant son orientation, soit le public entend (pas grand chose il faut bien le dire) et le chanteur n’entend rien, soit le contraire, ce qui pose un cas de conscience.

Pour un chanteur jeune et agile, comme moi à l’époque (et toujours d’ailleurs) le positionnement idéal est en bout de scène, très près de la colonne mise en biais, il passe alors sa soirée, perché comme un perroquet, mais pas seul car son vieux copain Larsen (allez directement au glossaire) lui tient agréablement compagnie. Dans tous les cas ne cherchez pas, c’est très mauvais !

J’avais à peu près résolu l’équation infernale, jouer de la guitare en chantant, contre la colonne, mais pas en même temps, chacun son tour « S’il Vous Plait » on passera pas tous à la fois........

Une phrase vocale puis un accord ou « plan de guitare » ce qui me donnait un style particulier, je dialoguais avec ma guitare, c’est certainement après être venu nous voir aux fêtes de Fenouillet que Peter Frampton a inventé la « Talkbox »!




Message in the bottle:


“I send an SOS to the world.............message in the bottle, yeah!”
(Police)


En ampli, après avoir expérimenté diverses marques restées encore inconnues à ce jour, principalement Italiennes et hautement combustibles (sur scène généralement) nous nous étions tournés, comme beaucoup de Toulousains d'ailleurs, vers les GREGSON, fabriqués à Toulouse par un Vietnamien génial M. Chaux.

Ces amplis à lampes, fiables, d'une trentaine de watts et d’un prix plus que raisonnable étaient un mélange de Vox AC30 et de Fender Bandmaster, solidement fabriqués et recouverts de skaï gris de 2 tons acheté à Midica, ils avaient en plus un excellent vibrato.
J’en ai démonté et réparé quelques uns avec plus ou moins de bonheur, sachant qu’il m’est toujours resté des pièces en trop après le remontage.

Le seul défaut de ces amplis était le nom, composé de lettres plastiques individuelles (encore Midica) qui tenaient avec deux petites pointes incorporées, les lettres tombaient régulièrement sous les accords excessifs et on se les plantaients sous les semelles, comme la mode de l’époque était aux petits mocassins blancs à semelle fine !!!


Le cercueil :


Le bassiste lui "jouait" (jouer pour lui, était synonyme de s'amuser) sur une Kent-Hägstrom de couleur indistincte beige/rose/violine, disons "presque vomi" , une tête d’ampli 15W de sono Geloso et un baffle fabrication maison.
Ce garçon avait bien le droit de s'amuser après le mal qu'il s'était donné pour la fabrication du baffle vite baptisé le "cercueil" après qu’on l'on ait peint une croix en noir sur le dessus.

A peu près 1.5 de large par 1M de haut et 50cm de profondeur, fait à l'ancienne, tout en massif, s'il vous plait, avec chevilles, tenons et mortaises sans oublier l'assemblage à queue d'aronde, un chef d’œuvre de l'ébénisterie française, qui bien sûr pesait un "âne mort".
Le tout recouvert d'une peinture approchant celle de sa basse, c'est à dire franchement "pas belle".

La grille avant en "Prince de Galles" était faite de plusieurs panneaux cousus car le tissu avait été récupéré sur un vieux manteau à son père, mais malgré cette économie de dernière minute le budget total, explosé par l'achat du noyer massif et de la colle à l'os ne laissait plus beaucoup de place à l'essentiel, le haut-parleur !

C'est donc, « temporairement » disait-il, un haut-parleur elliptique de tourne disque d'une bonne quinzaine de centimètres qui était noyé dans le cercueil, de sorte que lorsque le bassiste "jouait" une note, le son faisait le tour des catacombes, cherchait sa sortie et au bout d'un moment se disait, "tiens, ça me semble sympa, je vais passer par-là !" et on entendait (avec retard) un petit "poum", mais pas le "POUM" associé à une note, non, juste un petit "poum" atonal, maigroulet, indéfinissable, voir péteux.

D'un autre coté, si les soirs d’ambiance folle il essayait de pousser le volume de l'ampli, avant le "poum" il y avait le "twiiiik" bien connu d'un haut-parleur qui souffre, la membrane agonisante talonnant la culasse, donc "twiiiik poum".

Quand on en à eu mare d'avoir un bassiste qui jouait le rôle de (petite) grosse caisse, on a décidé à l'unanimité, moins 1 voix, la mienne, (j'avais un pressentiment!) de sacrifier le cachet de 3 week ends à l'achat d'un vrai haut-parleur.

Comme il y avait de l'espace à revendre, on à directement fait fort en choisissant un Ferryvox de 46cms, ceux généralement utilisés pour les fréquences graves des salles de cinéma.

Ce monstre intégral digne du "cercueil", avait été acheté chez Frederich, rue de l'industrie, il rentrait impeccable dans le baffle, et le son cette fois-ci était presque à la hauteur, c’est l’ampli qui tirait la langue, mais nous nous rendîmes immédiatement compte de 2 problèmes majeurs:

1/ Le cercueil pesait déjà atrocement lourd mais avec le saladier en fonte massive du Ferryvox, Houlala, malgré les 4 poignées de tiroir de cuisine rajoutées à la hâte, on s'en est "vu des pierres" pour le transport, nous avons donc, très rapidement, utilisé les roulettes d’un caddy, un petit peu à l’insu du supermarché voisin, il faut le dire.

2/ Et c'est bien là le pire, comme maintenant les notes sortaient "comme un camion, disons une camionnette" on s'est aperçu que le bassiste ne savait pas du tout jouer, il posait les doigts au petit bonheur la chance, sans appuyer sur les cordes, d'ou les "poums"! Il était à la basse, ce que "Canada Dry" est au whisky, il ressemblait à un bassiste, avait l'attirail d'un bassiste, mais ça s'arrêtait là !!!

Cependant, grâce à sa sœur majorette chef à Lespinasse il avait un excellent jeu de scène, notamment le croisement des genoux façon Elvis et comme l’investissement haut-parleur était déjà fait, on à décider de le garder un peu pour voir, mais il à fallu qu’avec l’autre guitariste on lui apprenne le minimum, c'est là que j'ai réalisé qu'il avait des excuses car son manche était injouablement dur.



La colonne d’air

En parlant de "manche" je ne peux que penser à Nadine qui se faisait appeler « Sylvie 2 » allez savoir pourquoi, et qui était venu se proposer comme :
Chanteuse/choriste/habilleuse.

Elle était plutôt mignonne, avec un joli brin de voix, mais aucun sens aucun du tempo et de la mesure, avec elle les morceaux pouvaient durer de 2 à 5 minutes suivant les soirs et son humeur, de plus elle pétait en chantant, sans doute un problème congénital de valve inversée à la colonne d'air, elle perdait donc du volume et de plus cela nous déstabilisait.
Imaginez jouer sérieusement "NON OH LETTA" son tube à elle, et un peu celui de Gigliola Cinquetti, avec pour accompagnement "Non oh letta" Twiiiik poum poum...PRROUT" si on analyse:

"Non oh letta" ça c'est Nadine

"Twiiiik poum poump" c'est le bassiste avant la période Ferryvox" qui à voulu l'impressionner,

Et PRROUT....., vous vous doutez bien .....

Il y à des limites à tout, on n'a pas pu la garder, mais on à bien fait de ne pas la faire piquer, car des années plus tard à "La Plantation" au-dessus du "Regent", j'ai eu le loisir de partager la scène avec elle, plus aucun problè
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gorax
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Message par gorax »

Splendide!!! 8) 8) 8)
denis goulesque
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Message par denis goulesque »

Merci Gorax, mais l'espace alloué n'est pas assez important pour l'ensemble du bouquin, envoie moi ton mail sur mon site:
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Je t'enverrai l'intégralité.
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Message par gorax »

Ah, te reconnais, toi... une ES 150 (très belle) vendue à mon pote Jean-Pierre! (->MP) :D 8) :wink: :wink:
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PaL
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Message par PaL »

Bin M.... alors
Merci sir!!!!!
C'est fini :(
l'impossible c'est juste derrière!!!!!!!!!!!
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tournicoton
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Message par tournicoton »

Je viens de me passer une demi-heure de pure bonheur . :lol: :lol: :lol:
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carlos
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Message par carlos »

Bonjour denis goulesque,

Tu as un MP de bienvenue à lire :wink: .
@+

Carlos
silverprout
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Message par silverprout »

Des émotions, du rire, la vie quoi !
:lol:
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bb11
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Message par bb11 »

génial Denis

un vrai régal :)

merci
denis goulesque
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Message par denis goulesque »

PaL a écrit :Bin M.... alors
Merci sir!!!!!
C'est fini :(
Merci l'ami, mais l'espace alloué n'est pas assez important pour l'ensemble du bouquin, envoie moi ton mail sur mon site:
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Message par denis goulesque »

tournicoton a écrit :Je viens de me passer une demi-heure de pure bonheur . :lol: :lol: :lol:
Merci l'ami, mais l'espace alloué n'est pas assez important pour l'ensemble du bouquin, envoie moi ton mail sur mon site:
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Message par denis goulesque »

carlos a écrit :Bonjour denis goulesque,

Tu as un MP de bienvenue à lire :wink: .
Merci l'ami, mais l'espace alloué n'est pas assez important pour l'ensemble du bouquin, envoie moi ton mail sur mon site:
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silverprout a écrit :Des émotions, du rire, la vie quoi !
:lol:
Merci l'ami, mais l'espace alloué n'est pas assez important pour l'ensemble du bouquin, envoie moi ton mail sur mon site:
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Tontonrazzi
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Message par Tontonrazzi »

Salut Denis
Do you remember ?
Marcel le bass man (ex Lewis and swinger) :wink:
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Harry Cotta
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Message par Harry Cotta »

Excellent :lol: Cela m'a rappellé plein de souvenirs de l'époque. Merci Denis, la suite doit être passionnante :wink:

Pour l'anecdote, un des copains avec lequel j'ai joué pendant quelques années (1965) avait construit sa guitare à partir d'un manche d'Eko, une planche (probablement d'armoire) peinte en noir et un micro provenant d'une guitare Egmond. Hé bien cela sonnait quand même. Ceci dit, sa guitare suivante a été une Fender Télécaster sunburst !!!

Mes deux premières guitares ont été des Egmond comme beaucoup (pas trop de sous à l'époque). Après, il y a eu une Framus puis une Welson (type 335) et d'autres belles que je regrette de ne pas avoiur gardé.

La bétaillère et le gros baffle, j'ai aussi connu cela et je ne raconte pas la fin de vie du poste de radio de ma mère dans la cuisine.

A+
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