Bob Taylor est persuadé qu'on peut produire de très bonnes guitares avec les essences utilisées depuis des siècles pour les instruments du quatuor : érables et épicéas cultivés localement (enfin, les USA c'est grand et le voyage depuis l'Alaska et le Nord-Ouest jusqu'à El Cajon, ça coûte et ça pollue, bonjour le "local"

)
Pour la touche, il a entrepris, on le sait, une gestion plus "éthiquable" de l'ébène du Cameroun et tente (avec un succès mitigé) de faire bouger un peu l'industrie (et les luthiers) moins vite que les clients qui, eux, commencent à trouver qu'un érable non uniformément noir, c'est joli aussi (les propriétés mécaniques sont les mêmes). C'est d'ailleurs le plus encourageant : si les musiciens demandent des touches veinées, les luthiers et les industriels y viendront plus volontiers...
Et comme il a les moyens, le Bob, il s'est lancé là-dedans en reprenant entièrement le concept des séries 600 -érable donc. Avec son "Maître Luthier" Powers, ils visent à gommer le trop de brillance de l'érable et améliorer la profondeur des basses sans amoindrir la formidable projection de ce bois...
S'il y parvient, pourquoi pas !
Evidemment, je n'ai rien contre l'utilisation de bois "locaux" et toutes les expériences visant à élargir le choix des essences de lutherie sont passionnantes et utiles.Mais en lutherie, c'est le son qui doit primer !
Alors rappelons tout de même que le palissandre indien provient depuis pas mal de temps de plantations gérées (au fait, on peut faire des touches en palissandre, certains préfèrent d'ailleurs ce toucher à celui de l'ébène), que désormais l'acacia koa est aussi très contrôlé, on ne massacre plus le domaine public hawaïen et les seuls approvisionnements légaux viennent de forêts privées, l'épicéa dit de Sitka (qui pousse dans tout l'Alaska et une partie du Canada) semble être aussi mieux géré, sauf peut-être dans l'île qui lui a donné son nom

, l'Adirondack replanté (de toute façon, nous, pour l'épicéa, on a nos grandes forêts domaniales de l'Est de la France, fort peu utilisé en lutherie de guitare jusqu'à présent sauf peut-être à Mirecourt ?

)...
Petit à petit, la conscience écologique gagne timidement du terrain.
Espérons qu'on s'occupera sérieusement des acajous avant qu'il n'en reste plus du tout (on y est presque), qu'on ne détruira pas totalement les Thuyas géants (le "Red Cedar" des tables d'harmonie), les noyers noirs d'Amérique et les hybrides (Bastone Walnut) qui ne sont pas vraiment "locaux" en France, même si on trouve du noyer noir dans nos parcs et jardins (arbre magnifique), l'acacia australien, etc. et que les guitares resteront des guitares
