Quatrième semaine: Que se passe-t-il? ça fais longtemps que vous n'avez pas publié!?!?
Oui oui j'avoue monsieur le juge (ou Madame, on va me taxer de macho...), il est vrai que je n'ai pas posté de nouveau billet depuis pas mal de temps, presque deux semaines plus précisément... et il s'en est passé des choses durant ces 15 jours de travail... résumons:
08 FÉVRIER 2012:
- Sculptage du renfort central de dos
- Collage des barres transversales de dos
- Traçage de l'emplacement des barrages de table
Le renfort central de dos, une des pièces les plus importantes de cette partie de la guitare... en effet, il est sculpté de manière à avoir le sens des fils du bois qui le compose inversé par rapport au fil du bois du dos. Ainsi, si le dos va vouloir fendre, il fera opposition et le maintiendra dans de bonnes dispositions sans qu'il ne soit altéré.
Grâce à un ciseau à bois ou à un petit rabot noisette, je vais casser ses arrêtés et le polir à l'aide d'un papier sablé de manière à lui donner une forme arrondie (car toute pièce composant la guitare doit à tout prix éviter d'avoir une forme carrée, cela apporte des vibrations néfastes).
Le renfort central de dos Sculpté
Ensuite, je vais venir découper des encoches afin de pouvoir placer les barrages transversaux. Ces derniers ont une face arrondie à un diamètre de 16 pieds de rayons afin de donner le galbe au dos. J'ai utilisé une toupie sur table et un gabarit afin de, non seulement les arrondir, mais également leur garantir une perpendicularité parfaite avec la surface de collage.

Passage des Barrages de dos à la toupie
Les emplacements des barres transversales
Une fois que cette opération a été faite, je les ai collés à la colle jaune 2002 GF, utilisé un ciel pour serrer les barres au dos.
Collage d'une barre de dos transversale
Vu de plus près
Enfin, tout en patientant pendant une heure (si jamais on laisse les barres en serrage plus longtemps, elles laissent une marque dans le bois de la table ou du dos et esthétiquement c'est très laid), j'ai tracé les emplacements des barrages de table en prenant exemple sur le plan qui nous a été fourni.
Les voila collées!
Le plan de la OM
Et l'emplacement du barrage de table
09 FÉVRIER 2012:
- Débitage des barrages
- Choix du bois du manche, de son talon et des tasseaux avant et arrière: Acajou du Honduras
- Façonnage du X (premier essai raté, le second a été le bon)
- Façonnage du renfort de chevalet en palissandre
- Collage du X, du renfort du chevalet et du barrage du haut de la table
Cette journée a été particulièrement importante pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le bois du manche, de son talon et des tasseaux, a été choisi et étant donné que cette partie de la guitare est une des plus importantes, il s'agissait de ne pas se louper! deux critères étaient à prendre en compte: La stabilité, le poids et le côté esthétique.
J'ai eu le choix entre:
- De l'érable: esthétiquement, ça aurait collé parfaitement avec mon dos et mes éclisses, sauf qu'à l'école ils ont seulement de l'érable plain-top et je voulais absolument du flammé (à l'instar de ma caisse). De plus, l'érable est un des bois les plus instables qui soient et il aurait fallu que je désigne le manche en trois parties pour que ce soit plus stable... esthétiquement je déteste ça). Il est par contre très léger.
- De l'acajou du Honduras: d'un point de vue esthétique, ça ne colle pas vraiment avec l'érable de mon dos et de mes éclisses... mais beaucoup de luthiers (comme Benoit de Bretagne sur sa 7 cordes par exemple) font ce choix. Pour pouvoir minimiser cet effet, j'ai décidé de teindre ma caisse lors du vernissage, dans une teinte rappelant celle des violons (brun rougeâtre). Du coup, ça sera assorti avec l'acajou du manche. Mais la raison principale de mon choix provient de la stabilité de l'acajou qui est un des meilleurs au monde! Il est très léger qui plus est. Mon manche étant parfaitement sur quartier, c'est la pièce de bois idéale pour ma guitare!
- Du Sapele: C'est un bois très similaire à l'acajou. Esthétiquement il aurait très bien pu faire l'affaire, il est aussi stable que son cousin, mais il est terriblement lourd. Voilà la raison pour laquelle je n'ai pas opté pour ce bois.
Le manche, le bloc talon, et les deux tasseaux
J'ai ensuite façonné le X du barrage. Cette pièce de bois composée de deux barres d'épinette Engelmann est la partie la plus importante du squelette de la table. Il la traverse de part en part et c'est par rapport à cette pièce que toutes les autres barres sont placées. Ce qui a été difficile dans cette opération, c'est de sculpter les deux creux dans lesquels les barres vont venir se placer. Il faut non seulement qu'il soit de largeur et de profondeur parfaite, mais également qu'il ai le bon angle par rapport au dessin du plan. L'angle donné aura une incidence sur la flexibilité de la table et du son apporté à l'instrument.
Petit essai avant d'attaquer le vrai
Et le voila!
En serrage lorsque la colle a été mise
Collé sur la table
Petite retrospective lors du collage
Puis ce fut le tour du sculptage du renfort de chevalet. Pour cela, je me suis basé sur le dessin du plan, mais il a fallu que je prenne en compte l'angle donné par le X. Il faut à tout prix que cette pièce soit en bois dur pour résister à la tension des cordes (il sera traversé par ces dernières). Il est donc impossible de prendre le même bois que le reste du barrage, car les cordes le traverseraient comme dans du beurre. J'ai choisi de prendre du palissandre, mais j'aurais très bien pu prendre de l'érable ou de l'acajou.

Le renfort de chevalet collé
À l'état brut
Lors du traçage des lignes de construction
Le voila sculpté
Une fois que tout ça a été fait, j'ai collé le X, le renfort de chevalet et le barrage du haut de la table à la colle 2002 GF
En collage
Collage du barrage du haut
Et voila le résultat
14 FÉVRIER 2012:
- Collage de la tête du manche
- Fin de collage des barrages
En serrage
Pas de commentaires particuliers concernant cette journée, le collage de la tête du manche doit être bien réalisé, car c'est un endroit stratégique en ce qui concerne la transmission des vibrations dans le manche.
Rebelotte
Le collage des barrages doit se faire sans aucun jour bien évidemment, mais ayant opté pour l'option "Flat Top" (les barres sont plates, le galbe de la table sera donné par la tension des cordes), car il y a un apport au niveau des basses, ce que l'on cherche en guitare acoustique. L'autre option étant de donner un galbe à la table directement en donnant un rayon de 16 pieds aux barres (ce qu'il s'est passé pour le barrage du dos).
Tout est enfin collé
Vu de plus près
À la lumière
15 FÉVRIER 2012:
- Mise à épaisseur de la tête: erreur de réglage de la scie à ruban ce qui a défoncé le manche.
- Nouveau manche à recommencer, recollage de la tête
- Sculptage des becs de canard intérieurs du barrage de la table
Cette journée a été comme qui dirait, un epic fail! En effet, il a fallu donner une épaisseur à la tête située entre 13 et 16 mm. Pour cela, j'ai utilisé une nouvelle fois le guide à refente à angle. Malheureusement, la scie à ruban était mal réglée au niveau des blocs d'attache de la lame ce qui m'a mangé 1.5 mm de plus que les 13 mm donnés par le guide... Du coup, j'ai du recommencé un manche, et le payer par la même occasion, ce qui m'a gâché tout le travail fait la journée d'avant.
J'ai également sculpté les becs de canards intérieurs de la table.

Les becs de canards intérieurs
16 FÉVRIER 2012:
- Découpage de l'épaisseur de la tête du nouveau manche, travail très satisfaisant!
- Pliage des éclisses
- Sculptage des tasseaux: celui de l'arrière est terminé, celui de l'avant a été mis aux dimensions demandées, il reste les chanfreins à sculpter
- Traçage des lignes du manche
- Le trussroad a été distribué
Pliage des éclisses
Cette journée a probablement été la plus productive et satisfaisante depuis le début de la construction!
J'ai découpé l'épaisseur de la tête du nouveau manche (oui oui rappelez-vous, l'epic fail de la journée précédente) et cette fois-ci tout a été parfait.
J'ai plié mes éclisses grâce à la plieuse, bien plus pratique que le fer à plier à la main... mais bien plus délicat également! En effet, l'érable flammé est un enfer à travailler et lors du pliage, si l'on y va pas doucement, il casse. C'est dû aux dessins du bois: certaines parties sont plus dures que d'autres et sont ainsi réticentes à être pliées ou découpées... Mais grâce aux conseils de Serge, tout est allé comme sur des roulettes! Il a fallu les mettre dans un moule en serrage pendant 24 heures afin qu'elles gardent leur forme.
Première éclisse en serrage
Les deux en même temps
Petit apperçu de l'érable ondé
J'ai ensuite sculpté les tasseaux arrière et avant (mis à part pour le chanfrein de ce dernier) et tracé les lignes du manche (en particulier pour l'emplacement de la rainure du trussroad qui nous a été distribué).
Le tasseau inférieur sculpté
Vu de haut
Et voilà, la troisième et la quatrième semaine sont déjà passées, à bientôt pour un nouvel article et merci pour votre lecture!