Bonjour à tous !
Je m'intéresse aux Martin anciennes (00018) mais j'avoue que je ne comprend pas trop les prix affichés (chez elderly par exple) parfois du simple au double à 4 années d'écart sur certain modèles donc :
_ Je suppose qu'il y a donc des bonnes années à privilégier et d'autres à peu etre éviter mais quelles sont-elles ?
je n'arrive pas à trouver d'infos ...
On parle aussi de période pré war ok! mais cette période ( par exple)
va de quand à quand ??
Merci à ceux qui pourront m'aider dans ma recherche parceque là j'avoue que j'ai du mal à comprendre
Je crois que le sujet peu devenir intéressant pour beaucoup
Les periodes bonnes et moins bonnes des guitares Martin
Modérateurs : Benoit de Bretagne, carlos, chloé
Les periodes bonnes et moins bonnes des guitares Martin
Martin 00018 1960 - Blueridge BG140 - Gibson J45
Copie Martin D28 Japan
Copie Martin D28 Japan
Martin comme toute entreprise a eu des hauts et des bas liés au contexte politico/historique, choix technologiques,... Il faut reprendre un peu son cheminement pour faire le pendant sur cette question "quelles sont les meilleurs périodes".
Doc, quelques éléments de réponses qui peuvent évidement être augmentés ou corrigés:
- Jusqu'à la fin des années 20, Martin était une entreprise de sourche artisanale avec un nombre limité d'ouvriers. Il y avait des bons et des moins bons. C'était le début de l'industralisation avec l'acquisition de machines. Bon nombre de guitares étaient vendues sous d'autres noms (généralement la boutique qui achetait) et il fallait donc arriver à fournir. C'est donc difficile de nous jours de savoir si ce sont de vraies Martin puisqu'elle ne portaient pas leur pédigrée. La qualité était donc très inégale. Le gros des ventes se faisaient sur les mandolines, uke et guitares type hawaïenne. Il ne faut pas oublier que l'on est dans la période charnière cordes nylon/acier.
La règle de "je dois essayer avant d'acheter" est de rigueur ici plus qu'ailleurs sur ces mamies.
- Arrive un tournant majeur dans l'histoire de la musique moderne avec la demande forte d'instruments plus adaptés à des jeux en orchestre. Cela durera jusqu'à l'entrée en guerre des US avec Pearl Harbor en 1942. Cette période appelée préwar est qualifiée de 1er age d'or. En naitra l'OM en 1929, la dread... et l'augmentation des process industriels pour répondre à la demande même si ce sera loin d'être ce qu'est aujourd'hui. Durant cette période Martin apportera des changements techniquement majeurs et sera très à l'écoute de ses clients. Fin des années 30, changement de position du barrage, taille de manche pour donner quelques exemples... Les bois seront toujours adirondack, rio, acajou et koa sauf exceptions historiques.
- Arrive une période moins glorieuse restriction oblige. Les années mi-40, 50. L'effort de guerre aura de gros impacts même chez Martin (ou ses fournisseurs). Restriction des matières premières utilisées jusqu'à lors... remplacement par d'autres moins bonnes qualitativement (ex: mécaniques, binding...). Remplacement des bois (sitka...), perte probable d'un certain savoir faire et baisse de qualité notoire. Il suffit de voir les autres marques durant cette période pour comprendre que c'était général. Ce sera le déclin de quelques modèles phares de la marque devenus trop couteux.
- Années 50: Le boss du moment (CFM III) était plutôt réservé quant à l'innovation... Le néant !
- Années 60 : explosion forte de la musique pop et donc de la demande d'instruments acoustiques. Martin opère de grands changements dans ses process de fabrication qui auront des impacts lourds jusqu'à peu. Démarrage de la production de masse. Exemples : abandon de la hide-glue, nouveau pickguard en acetate, fin du palissandre de Rio sur tous ses modèles 28 (devenu rare et protégé) fin des années 60. Il sera remplacé par l'EIR. Longworth dira dans son bouquin qu'il est le digne successeur et dispose de caractéristiques acoustiques identiques. Limite crédible... mais il sera pardonné par ce qu'il fera pour le bien et l'aura de la marque. Donc réintroduction du modèle D-45 qui sera sublimé par N. Young. Arrivée de modèles pour combler les trous dans la gamme : D-35, D-41 pour les plus célèbres. Quand on regarde les tarifs, les D-28 en rio restent relativement raisonnables. Pour les D-41 et 45 en rio, c'est une autre histoire. La rareté et la légende y sont pour quelque chose.
- Années 70 : Industrialisation et rendement oblige, production de masse qui ne décroitra plus. Arrivée de CFM IV à la tête qui opèrera également de grands changements et nouveautés. Les guitares produites durant cette période seront considérées bien plus tard comme relativement moyennes par les spécialistes. Les prix sur le marché de l'occas en témoignent même s'il est probable qu'il y ait d'excellentes guitares... mais l'image de cette période est "ternie" (comme Gibson, fender d'ailleurs). Martin fera l'acquisition de plusieurs marques (parfois un désastre) et développera ses entrées de gammes (SIGMA..). La construction et la qualité sont jugées moyennes, choix techniques pas vraiment opportuns (bridge plate, barrage, mécanique...) ou "malheureux" mais assimilé maintenant (EIR, sitka). L'EIR du début ne sera pas de qualité inégale. Martin devra acheter une machine très couteuse pour couper ses propres grumes pour une meilleur maitrise. Le coté positif sera que CFM IV aura des idées de génie en réintroduisant par exemple la D-28 "originale" avec la HD-28 en 1976, qu'il développera les prémices de ce que sera le custom shop. Les Martin de cette période sont peu couteuses sur le marché de l'occas.
- Années 80 : correction de bon nombre de maladresses techniques et retour à la qualité avec une bonne maitrise des process industriels qu'en déplaise les puristes. CFM IV aidé de D. Boak développera le concept de série limités avec les "guitares du mois" permettant de prendre la température avec de vraies nouveautés et retour très souvent à des bois d'exception. Ce sera également la mise en route du CS. Néanmoins, de nombreux vestiges techniques des années 70 seront encore visibles. Ce sera l'occasion pour de nombreux luthiers (voire de futures concurrents) reconnus aujourd'hui de s'engouffrer dans le marché où Martin n'était pas très bon en plagiant ses modèles phare.
- Années 90 : nouveau virage. Explosion de la marque avec la médiatisation à grande échelle de concerts (unplugg Clapton). Cela aura des retombées énormes sur la marque avec plus encore un engouement pour des modèles souvent liés à un phénomène d'identification. Martin aura l'idée d'introduite deux nouvelles notions très marketing pour la première: la guitare "vintage" puis "Golden Era". Probablement du phénomène général du retour aux sources, cette idée que c'est dans l'ancien que c'est le meilleur même si le résultat sera faux. Qu'importe...! Force est de constater que ce sera de vraies réussites.... Une machine de guerre est en route! Retour a l'utilisation de bois précieux et originaux, maitrise des process, de la qualité même si parfois il y aura des loupés, réseaux de distribution élaborés... tous les ingrédients de la réussite. On entend souvent d'un début de 2nd age d'or. Les prix restent raisonnables sauf pour les modèles les plus confidentiels liés aux bois choisis. Martin au construit gentiment une offre très étendue.
Les années 2000 : Continuité des années 90. Coup de génie pour CFM IV avec l'introduction d'une vraie nouveauté : Authentic. Elle sera accueillie avec réserve puis par la suite reconnue comme étant digne héritière d'une certaine époque très glorieuse. La qualité générale des instruments n'étant plus à démontrer, Martin enfoncera le clou en montrant à ses concurrent qu'il sera capable de reproduire des instruments digne des années 30/40, qu'il dispose en interne d'un savoir faire faisant autorité. La pillule sera finalement digérée... L'offre est tellement large qu'il y en a pour toutes les bourses et les gouts. Pourtant il y aura un "demi échec" avec l'arrêt de la pseudo gamme 1833 visant à montrer l'excellence de Martin en proposant des modèles très souvent hors norme et en petite série (moins de 20 exemplaires). Enfin, un énorme succès avec le Custom shop. On vit dans une économie de marché plus encore aujourd'hui avec une loi de l'offre et la demande "mondialisée".
Les prix sont aussi diversifiés que les modèles rares et plus ou moins bien conservés. Il y a un gros marché de la guitare de collection... Les modèles les plus rares sont probablement dans des coffres à l'abri des doigts tous transpirants de guitaristes passionnés que nous sommes!
Spéculation ? probablement. De nouveaux phénomènes d'achat avant construction chez les luthiers superstar sont de plus en plus nombreux. Martin n'échappe pas à la règle.
Et en 2010 ? La petite dernière "ARTIST" doit faire des ses preuves sur un marché ultra concurrentiel. Martin ne change pas de cap mais affiche très clairement ses ambitions en allant sur d'autres terrains...
Alors comment choisir ? peut-être avec quelques éléments de réponse ci-dessus. Quoi qu'il en soit, je pense que l'on a une image un peu idéalisée de ces vieilles dames inabordables. On peut se faire plaisir sans pour autant devoir vendre sa maison avec des modèles rigoureusement choisis dans n'importe quelle période.
Désolé d'avoir été un peu long
Doc, quelques éléments de réponses qui peuvent évidement être augmentés ou corrigés:
- Jusqu'à la fin des années 20, Martin était une entreprise de sourche artisanale avec un nombre limité d'ouvriers. Il y avait des bons et des moins bons. C'était le début de l'industralisation avec l'acquisition de machines. Bon nombre de guitares étaient vendues sous d'autres noms (généralement la boutique qui achetait) et il fallait donc arriver à fournir. C'est donc difficile de nous jours de savoir si ce sont de vraies Martin puisqu'elle ne portaient pas leur pédigrée. La qualité était donc très inégale. Le gros des ventes se faisaient sur les mandolines, uke et guitares type hawaïenne. Il ne faut pas oublier que l'on est dans la période charnière cordes nylon/acier.
La règle de "je dois essayer avant d'acheter" est de rigueur ici plus qu'ailleurs sur ces mamies.
- Arrive un tournant majeur dans l'histoire de la musique moderne avec la demande forte d'instruments plus adaptés à des jeux en orchestre. Cela durera jusqu'à l'entrée en guerre des US avec Pearl Harbor en 1942. Cette période appelée préwar est qualifiée de 1er age d'or. En naitra l'OM en 1929, la dread... et l'augmentation des process industriels pour répondre à la demande même si ce sera loin d'être ce qu'est aujourd'hui. Durant cette période Martin apportera des changements techniquement majeurs et sera très à l'écoute de ses clients. Fin des années 30, changement de position du barrage, taille de manche pour donner quelques exemples... Les bois seront toujours adirondack, rio, acajou et koa sauf exceptions historiques.
- Arrive une période moins glorieuse restriction oblige. Les années mi-40, 50. L'effort de guerre aura de gros impacts même chez Martin (ou ses fournisseurs). Restriction des matières premières utilisées jusqu'à lors... remplacement par d'autres moins bonnes qualitativement (ex: mécaniques, binding...). Remplacement des bois (sitka...), perte probable d'un certain savoir faire et baisse de qualité notoire. Il suffit de voir les autres marques durant cette période pour comprendre que c'était général. Ce sera le déclin de quelques modèles phares de la marque devenus trop couteux.
- Années 50: Le boss du moment (CFM III) était plutôt réservé quant à l'innovation... Le néant !
- Années 60 : explosion forte de la musique pop et donc de la demande d'instruments acoustiques. Martin opère de grands changements dans ses process de fabrication qui auront des impacts lourds jusqu'à peu. Démarrage de la production de masse. Exemples : abandon de la hide-glue, nouveau pickguard en acetate, fin du palissandre de Rio sur tous ses modèles 28 (devenu rare et protégé) fin des années 60. Il sera remplacé par l'EIR. Longworth dira dans son bouquin qu'il est le digne successeur et dispose de caractéristiques acoustiques identiques. Limite crédible... mais il sera pardonné par ce qu'il fera pour le bien et l'aura de la marque. Donc réintroduction du modèle D-45 qui sera sublimé par N. Young. Arrivée de modèles pour combler les trous dans la gamme : D-35, D-41 pour les plus célèbres. Quand on regarde les tarifs, les D-28 en rio restent relativement raisonnables. Pour les D-41 et 45 en rio, c'est une autre histoire. La rareté et la légende y sont pour quelque chose.
- Années 70 : Industrialisation et rendement oblige, production de masse qui ne décroitra plus. Arrivée de CFM IV à la tête qui opèrera également de grands changements et nouveautés. Les guitares produites durant cette période seront considérées bien plus tard comme relativement moyennes par les spécialistes. Les prix sur le marché de l'occas en témoignent même s'il est probable qu'il y ait d'excellentes guitares... mais l'image de cette période est "ternie" (comme Gibson, fender d'ailleurs). Martin fera l'acquisition de plusieurs marques (parfois un désastre) et développera ses entrées de gammes (SIGMA..). La construction et la qualité sont jugées moyennes, choix techniques pas vraiment opportuns (bridge plate, barrage, mécanique...) ou "malheureux" mais assimilé maintenant (EIR, sitka). L'EIR du début ne sera pas de qualité inégale. Martin devra acheter une machine très couteuse pour couper ses propres grumes pour une meilleur maitrise. Le coté positif sera que CFM IV aura des idées de génie en réintroduisant par exemple la D-28 "originale" avec la HD-28 en 1976, qu'il développera les prémices de ce que sera le custom shop. Les Martin de cette période sont peu couteuses sur le marché de l'occas.
- Années 80 : correction de bon nombre de maladresses techniques et retour à la qualité avec une bonne maitrise des process industriels qu'en déplaise les puristes. CFM IV aidé de D. Boak développera le concept de série limités avec les "guitares du mois" permettant de prendre la température avec de vraies nouveautés et retour très souvent à des bois d'exception. Ce sera également la mise en route du CS. Néanmoins, de nombreux vestiges techniques des années 70 seront encore visibles. Ce sera l'occasion pour de nombreux luthiers (voire de futures concurrents) reconnus aujourd'hui de s'engouffrer dans le marché où Martin n'était pas très bon en plagiant ses modèles phare.
- Années 90 : nouveau virage. Explosion de la marque avec la médiatisation à grande échelle de concerts (unplugg Clapton). Cela aura des retombées énormes sur la marque avec plus encore un engouement pour des modèles souvent liés à un phénomène d'identification. Martin aura l'idée d'introduite deux nouvelles notions très marketing pour la première: la guitare "vintage" puis "Golden Era". Probablement du phénomène général du retour aux sources, cette idée que c'est dans l'ancien que c'est le meilleur même si le résultat sera faux. Qu'importe...! Force est de constater que ce sera de vraies réussites.... Une machine de guerre est en route! Retour a l'utilisation de bois précieux et originaux, maitrise des process, de la qualité même si parfois il y aura des loupés, réseaux de distribution élaborés... tous les ingrédients de la réussite. On entend souvent d'un début de 2nd age d'or. Les prix restent raisonnables sauf pour les modèles les plus confidentiels liés aux bois choisis. Martin au construit gentiment une offre très étendue.
Les années 2000 : Continuité des années 90. Coup de génie pour CFM IV avec l'introduction d'une vraie nouveauté : Authentic. Elle sera accueillie avec réserve puis par la suite reconnue comme étant digne héritière d'une certaine époque très glorieuse. La qualité générale des instruments n'étant plus à démontrer, Martin enfoncera le clou en montrant à ses concurrent qu'il sera capable de reproduire des instruments digne des années 30/40, qu'il dispose en interne d'un savoir faire faisant autorité. La pillule sera finalement digérée... L'offre est tellement large qu'il y en a pour toutes les bourses et les gouts. Pourtant il y aura un "demi échec" avec l'arrêt de la pseudo gamme 1833 visant à montrer l'excellence de Martin en proposant des modèles très souvent hors norme et en petite série (moins de 20 exemplaires). Enfin, un énorme succès avec le Custom shop. On vit dans une économie de marché plus encore aujourd'hui avec une loi de l'offre et la demande "mondialisée".
Les prix sont aussi diversifiés que les modèles rares et plus ou moins bien conservés. Il y a un gros marché de la guitare de collection... Les modèles les plus rares sont probablement dans des coffres à l'abri des doigts tous transpirants de guitaristes passionnés que nous sommes!
Spéculation ? probablement. De nouveaux phénomènes d'achat avant construction chez les luthiers superstar sont de plus en plus nombreux. Martin n'échappe pas à la règle.
Et en 2010 ? La petite dernière "ARTIST" doit faire des ses preuves sur un marché ultra concurrentiel. Martin ne change pas de cap mais affiche très clairement ses ambitions en allant sur d'autres terrains...
Alors comment choisir ? peut-être avec quelques éléments de réponse ci-dessus. Quoi qu'il en soit, je pense que l'on a une image un peu idéalisée de ces vieilles dames inabordables. On peut se faire plaisir sans pour autant devoir vendre sa maison avec des modèles rigoureusement choisis dans n'importe quelle période.
Désolé d'avoir été un peu long
Dernière modification par lukou le jeu. 13 mai 2010, 19:51, modifié 1 fois.
Ce n'est pas si simple. Si tu me mets plusieurs guitares de plusieurs périodes en essai à l'aveugle (des bonnes et des nulles), il n'est pas dit que je préfèrerai celle qui est issue du soi-disant meilleur cru.jérome a écrit :Un grand merci Lukou pour avoir pris le temps de m'expliquer l'histoire résumé par décennie de Martin, j'y vois déjà beaucoup plus clair pour ma futur recherche !!
Pour continuer quelle est ta période préféré
merci encore
Pour le fun évidemment si j'en avais la possibilité, je ne m'interdirais pas quelques échantillons choisis des années 30 (OM-18, OM-45 deluxe, D-45 par exemple !). Heureusement on a maintenant diverses possibilités de toucher du doigt des instruments remarquables sans pour autant y laisser sa maison... Tant que le plaisir est là !
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