Bon, cet article est particulièrement douloureux pour moi après tout ce qui s'est passé, même à froid... mais bon, c'est le jeu et il faut l'assumer. La lutherie est le plus beau métier du monde lorsque tout va bien mais dès que quelque chose va de travers, c'est catastrophique.
La semaine du 7 Mars, je devais coller ma couronne d'éclisse sur ma table, tout allait fort bien... jusqu'à ce que j'ajuste la couronne, apparemment très mal car cela m'a fais couper mes barres bien trop court. Du coup, impossible de les imbriquer... et comme un malheur va de pair avec un second, lorsque j'ai sablé ma couronne, le moule était défectueux (il penchait plus d'un côté) et m'a mangé plus de matière d'un bord. Pour donner une idée de la situation, j'avais 5 mm de contre éclisse d'un côté et 0.5 mm de l'autre, une catastrophe! Du coup, mes blocs de tasseaux avant et arrière n'étaient plus à 90 degrès.
Une seule solution s'offrait donc à moi: décoller les deux tasseaux et redécouper leurs extrémités a 90 degrés, virer les contre éclisses et en recoller d'autres. Je suis donc rentré chez moi, car après avoir défoncé mon verni Polyfrançais au tampon la veille, j'étais quelque peu dégoûté de la lutherie.
J'ai donc laissé passer la fin de la semaine pour me calmer l'esprit et attaquer la suivante en étant apaisé. Vous comprendrez que je n'ai pas pris la peine de prendre des photos cette semaine.
HUITIÈME SEMAINE:
- Décollage des contre-éclisses
- Décollage et refaçonnage des tasseaux avant et arrière
- Recollage de toutes ces pièces
- Sablage de la couronne
- Collage de la couronne d'éclisse à la table
- Délignage du tenon du manche
- Perçage des trous de mécanique
Bon relativisons un peu, dixit mon Prof, "ça t'apportera de l'expérience" et je dois dire qu'à l'heure actuelle je lui donne raison. Pour les trois premiers points du dessus (décollage, recollage des pièces et sablage de la couronne), c'est exactement ce que j'ai décris dans l'article précédent, donc je ne vais pas m'attarder là dessus... par contre, pour le reste, c'est différent.
Une fois que les contre-éclisses ont été collées, il faut sabler cette surface pour qu'elle soit parfaitement plane et droite. On la fait dépasser de 5 mm environ tout en la laissant dans le moule. Les blocs de serrage restent également en place et, pour éviter que ça bouge, on installe 3 serres de chaque côté. Le sablage doit se faire seulement en quelques minutes.
Une fois que cette étape est passée, il faut assembler la couronne à la table. Normalement, on creuse des petites cavités dans les contre éclisses pour que les barres du barrage s'enclavent dedans... mais dans mon cas malheureusement, avec la bourde que j'ai décrite en introduction, je n'ai pas pu réaliser cette tâche. Certains luthiers n'enclavent pas les barres mais cette erreur me laisse un goût amer car j'aurais aimé faire cette étape. Pour pallier à cette bourde, je vais venir coller des bloc aux extrémités de chaque barre qui viendront faire la jointureavec les contre-éclisses. Cela remplacera ainsi l'étape que je n'ai pas pu réaliser.
Pour le collage, je vais venir serrer aux tasseaux avec des serres en C, puis disposer 4 à 5 serres Klemsia de chaque côté. J'ai utilisé la colle 2002 GF. On laisse tout ça en serrage pendant 24 heures.
Je suis assez content de la propreté de mon travail, il n'y a pas eu beaucoup d'endroits où le surplus de colle a bavé à l'intérieur de la caisse.
La couronne d'éclisse et la table en collage
C'est collé!
Un gros plan sur le côté gauche
Une fois que cette étape a été réalisée, je me suis attaqué au tenon du bloc talon du manche à l'aide du banc de scie... et je dois dire que je stressais énormément après mon échec précédent, car non seulement le banc de scie est une des machines qui me stresse le plus, mais si on se plante, il faut refaire le manche au complet. Il a fallu mettre les côtés parfaitement à 90 degrès avec la face du manche si on voulait avoir une bonne surface référence lors du passage au banc de scie.
J'ai tout d'abord commencé par l'extrémité du talon. Pour cette étape, j'ai utilisé une cale de 1 mm afin de donner l'angle de renversement au manche. Les découpes des côtés se font sans aucune cale ou autre outil que le guide de découpe. Le plus délicat a été de positionner le manche à la verticale lord des deux découpes centrales.
Vu de haut
Vu de face
Une fois que cette étape a été faite, j'ai percé les trous des mécaniques. J'ai utilisé la perceuse à colonne munie d'un fer bras-de-pointe 10 mm. Je n'ai pas vraiment beaucoup de commentaire à faire sur ce travail si ce n'est que je craignais pour mon placage en érable. En effet, je pensais que les trous viendraient le manger de façon radicale mais ça n'a pas été le cas, je suis vraiment content. De plus, c'est mon plus beau travail de perçage jusqu'à maintenant, les trous sont très symétriques et je n'ai pas noté de dérapage incontrollé.
Comme vous pouvez le voir, ma tête va être carrée, à l'instar des vieilles martin OM (comme je vous l'avais dit, mon but est de créer une guitare qui sera l'exacte reproduction d'une Martin Auditorium d'avant guerre, donc pas de fantaisie).
Enfin percé!
Une autre vue
Et voila l'arrière de la tête
Et voila, les semaines 7 et 8 sont passées, à bientôt pour un nouvel article et merci pour votre lecture!