
J200
Modérateurs : Benoit de Bretagne, carlos, chloé
Bon j'ai laissé tomber l'ouverture sous le tenon, ma 15ème frette tombe 5mm plus loin. Et d'ailleurs je me posais une question : quelles sont les occasions où l'on démonte le manche sans démonter la touche ??? En général on vire la touche avant de démonter le manche.
Voilà. J'ai donc façonné le talon et collé le manche tout à l'heure. Ça commence à vraiment ressembler à une J200.
Au passage un nouveau clin d'oeil à Jimmy Page qui fait la couverture du mag Guitare Sèche...... avec sa J200. Le magasine est par ailleurs élogieux sur cette guitare !


Voilà. J'ai donc façonné le talon et collé le manche tout à l'heure. Ça commence à vraiment ressembler à une J200.
Au passage un nouveau clin d'oeil à Jimmy Page qui fait la couverture du mag Guitare Sèche...... avec sa J200. Le magasine est par ailleurs élogieux sur cette guitare !


Sauvez un arbre, mangez un castor....
- quentinjazz
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- Inscription : lun. 29 mars 2010, 21:12
- Localisation : La Madeleine (59)
- quentinjazz
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Y'a qu'à demander ! 
Voilà le topo sur les guides et la technique que j'utilise pour le tenon-mortaise queue d'aronde.
Bon je vous préviens, c'est un peu technique et pas franchement glamour !
Le matériel indispensable :

Un fraise droite 6 ou 7 mm, une fraise à queue d'aronde, et une bague de guidage qui se monte sous la défonceuse (Ah oui il faut aussi la défonceuse).
Si votre défonceuse n'a pas de bague de guidage vous pouvez monter un semelle universelle (Hmdiffusion) qui accepte toutes les bagues.
Pas obligatoire, mais vivement recommandé pour la qualité du travail produit : une fraise droite large avec coupe en bas (fraise à surfacer) et un chariot comme ça :

Facile à réaliser, deux bons tasseaux bien droits en bois dur et du cp de 5mm. Ça rend de multiples services, et, combiné à une table aspirante (aussi facile à faire soi-même), ça remplace une calibreuse, une dégau et une rabo !
La première chose à faire est de relever à l'aide d'une fausse équerre l'angle de renversement : l'angle entre le haut de la table et le dessus des éclisses sur l'axe de la guitare. Puis on reporte cet angle sur le manche au niveau du bas du tenon. Dans mon cas 10,5mm plus bas que la jonction :

Puis j'installe le manche dans son support. Certains utilisent le même support pour la caisse et le manche. Je trouve plus pratique d'avoir les deux séparés et de pouvoir passer de l'un à l'autre.

Mon support est tout ce qu'il y a de plus rudimentaire, mais ça fonctionne. Le manche est appuyé sur une butée (collée au double face) en haut à gauche. Ensuite les deux réglages (alignement et renversement) se font par les deux pinces. La verte maintient une butée que je déplace pour corriger l'alignement. Et la pince rouge bloque une cale (ici en cp de5) que je fais donc monter ou descendre pour modifier le renversement.
Sur le haut du support j'ai fixé deux rails de même épaisseur. C'est bon vous suivez ??
Je fais un premier réglage à l'oeil en faisant dépasser le talon du haut du support et en agissant sur les deux réglages :

Je serre mes papillons ,et je fais un premier passage avec le chariot sans descendre jusqu'au trait bien sûr.

Puis je démonte le manche et le pose bien à plat sur le haut de la caisse. Là je vérifie l'alignement et le renversement.

Ici j'avais un mm d'écart à gauche au niveau du chevalet, donc déplace la pince verte un chouilla à gauche, et nouvel essai en enlevant 0.5mm. Je re-vérifie sur la caisse. Tout est bon, donc passe finale dans le support en descendant progressivement jusqu'au trait.
Avantages de cette méthode : le dessous du talon est très plat et très propre, je suis sûr que le bas de mon tenon sera parallèle à la jonction puisque j'utilise le même support et les mêmes réglages, les réglages sont très fins, et accessoirement c'est très rapide.
Puis je passe aux queues d'aronde. Pour ça j'ai réalisé deux guides. Le premier est celui de la mortaise. Traçage, scie sauteuse et lime. C'est pas grave si ce n'est pas rigoureusement symétrique, car le guide pour le tenon est fabriqué à partir du premier. Ça c'est obligatoire !

Pour faire le deuxième guide il faut savoir de combien il doit être décalé du premier. Pour ça il suffit de faire un bon dessin :

Mon guide tenon doit donc être plus "petit" que mon guide mortaise de 6,8mm. Pour faire l'un avec l'autre j'ai aussi utilisé la défonceuse, les bagues de guidages et plusieurs fraises différentes. Pour arriver à mes fins, je suis même passé par un guide intermédiaire (en haut à droite sur la photo). Ces techniques de fraisage sont expliquées un peu partout, et en faisant des essais on pige assez vite le truc et on découvre un immense champ d'applications.
J'ai donc mes deux guides, l'un, femelle pour la mortaise et l'autre, mâle pour le tenon. J'ai pas réussi à faire juste 6.8mm d'écart, normal ! Mais c'est pas grave, car ensuite on fait beaucoup d'essais sur des pièces de bois et on s'aperçoit qu'en modifiant la profondeur, on agit sur la justesse de l'assemblage. Plus on descend, plus ça serre le joint. J'ai ainsi déterminé que, avec mes guides, la profondeur de la mortaise est de 10,5mm. Je suis donc condamné à faire des assemblages de 10.5. Tant pis !
Ça prend un peu de temps de faire ces guides, mais après... quel bonheur.
Je commence par la mortaise. Le dessous de mon guide mortaise est en photo plus haut.
Le support du guide est bridé sur la caisse avec deux serre-joint. Et j'aligne à l'oeil le guide sur le haut des éclisses. Ce n'est pas grave si on est décentré ou décalé, on verra pourquoi juste après.
Et je coupe, d'abord avec la fraise droite jusqu'à la profondeur voulue, puis je fais juste un passage avec la fraise à queue d'aronde.

Ça fait une super mortaise :

Edit : Pour éviter d'éclater le bord à droite de la mortaise (et la nacre au passage), je commence par ce bord en entrant dans la caisse, en poussant (pas en tirant) la machine délicatement sur ce bord. Juste un peu pour couper le bord. Ensuite, je fais ma passe normalement en sens horaire.
Le problème que j'avais rencontré sur mes premières c'est : comment arriver à positionner le tenon sous le manche pour qu'une fois assemblé il soit pile dans l'axe, bien à raz à l'avant et pas twisté. J'avais donc fais un tenon légèrement plus gros et ajusté à la main. C'est long, piégeux et surtout dommage.
Alors la dernière fois j'ai introduit une nouveauté.
J'ai fait un tenon sur un manche d'essai avec le guide pour tenon et, sans démonter, j'ai fait un moulage du tenon et du guide. Vous me trouvez marteau non ??

Voilà le truc, ça ressemble un peu à un dentier !

La suite devient fastoche.
Je mets un faux tenon (issu des essais) dans la mortaise et je colle le manche par dessus, juste là ou il doit être, à la colle chaude. Puis j'installe le tout dans le support de manche.

J'engage le moulage dans le tenon, puis le guide dans le moulage. Je veille à ce que le manche est bien en appui sur ses butées en-dessous.
Et je bride le guide sur les rails du support. Mon guide est donc positionné exactement pour faire le tenon au bon endroit sur le manche.

Sans toucher au guide, je démonte le manche, décolle le faux tenon, remonte le manche pour qu'il bute en haut sur le guide. Je plante deux vis pour être tranquille. Et comme pour la mortaise le dégage d'abord à la fraise droite et termine par une passe à la fraise queue d'aronde.

Le résultat est parfait. Zéro placage, zéro stress. 1h30 pour faire le tout.
Désolé d'avoir été long, mais c'est pas facile d'expliquer par écrit !


Voilà le topo sur les guides et la technique que j'utilise pour le tenon-mortaise queue d'aronde.
Bon je vous préviens, c'est un peu technique et pas franchement glamour !
Le matériel indispensable :

Un fraise droite 6 ou 7 mm, une fraise à queue d'aronde, et une bague de guidage qui se monte sous la défonceuse (Ah oui il faut aussi la défonceuse).
Si votre défonceuse n'a pas de bague de guidage vous pouvez monter un semelle universelle (Hmdiffusion) qui accepte toutes les bagues.
Pas obligatoire, mais vivement recommandé pour la qualité du travail produit : une fraise droite large avec coupe en bas (fraise à surfacer) et un chariot comme ça :

Facile à réaliser, deux bons tasseaux bien droits en bois dur et du cp de 5mm. Ça rend de multiples services, et, combiné à une table aspirante (aussi facile à faire soi-même), ça remplace une calibreuse, une dégau et une rabo !
La première chose à faire est de relever à l'aide d'une fausse équerre l'angle de renversement : l'angle entre le haut de la table et le dessus des éclisses sur l'axe de la guitare. Puis on reporte cet angle sur le manche au niveau du bas du tenon. Dans mon cas 10,5mm plus bas que la jonction :

Puis j'installe le manche dans son support. Certains utilisent le même support pour la caisse et le manche. Je trouve plus pratique d'avoir les deux séparés et de pouvoir passer de l'un à l'autre.

Mon support est tout ce qu'il y a de plus rudimentaire, mais ça fonctionne. Le manche est appuyé sur une butée (collée au double face) en haut à gauche. Ensuite les deux réglages (alignement et renversement) se font par les deux pinces. La verte maintient une butée que je déplace pour corriger l'alignement. Et la pince rouge bloque une cale (ici en cp de5) que je fais donc monter ou descendre pour modifier le renversement.
Sur le haut du support j'ai fixé deux rails de même épaisseur. C'est bon vous suivez ??


Je fais un premier réglage à l'oeil en faisant dépasser le talon du haut du support et en agissant sur les deux réglages :

Je serre mes papillons ,et je fais un premier passage avec le chariot sans descendre jusqu'au trait bien sûr.

Puis je démonte le manche et le pose bien à plat sur le haut de la caisse. Là je vérifie l'alignement et le renversement.

Ici j'avais un mm d'écart à gauche au niveau du chevalet, donc déplace la pince verte un chouilla à gauche, et nouvel essai en enlevant 0.5mm. Je re-vérifie sur la caisse. Tout est bon, donc passe finale dans le support en descendant progressivement jusqu'au trait.
Avantages de cette méthode : le dessous du talon est très plat et très propre, je suis sûr que le bas de mon tenon sera parallèle à la jonction puisque j'utilise le même support et les mêmes réglages, les réglages sont très fins, et accessoirement c'est très rapide.
Puis je passe aux queues d'aronde. Pour ça j'ai réalisé deux guides. Le premier est celui de la mortaise. Traçage, scie sauteuse et lime. C'est pas grave si ce n'est pas rigoureusement symétrique, car le guide pour le tenon est fabriqué à partir du premier. Ça c'est obligatoire !

Pour faire le deuxième guide il faut savoir de combien il doit être décalé du premier. Pour ça il suffit de faire un bon dessin :

Mon guide tenon doit donc être plus "petit" que mon guide mortaise de 6,8mm. Pour faire l'un avec l'autre j'ai aussi utilisé la défonceuse, les bagues de guidages et plusieurs fraises différentes. Pour arriver à mes fins, je suis même passé par un guide intermédiaire (en haut à droite sur la photo). Ces techniques de fraisage sont expliquées un peu partout, et en faisant des essais on pige assez vite le truc et on découvre un immense champ d'applications.
J'ai donc mes deux guides, l'un, femelle pour la mortaise et l'autre, mâle pour le tenon. J'ai pas réussi à faire juste 6.8mm d'écart, normal ! Mais c'est pas grave, car ensuite on fait beaucoup d'essais sur des pièces de bois et on s'aperçoit qu'en modifiant la profondeur, on agit sur la justesse de l'assemblage. Plus on descend, plus ça serre le joint. J'ai ainsi déterminé que, avec mes guides, la profondeur de la mortaise est de 10,5mm. Je suis donc condamné à faire des assemblages de 10.5. Tant pis !
Ça prend un peu de temps de faire ces guides, mais après... quel bonheur.
Je commence par la mortaise. Le dessous de mon guide mortaise est en photo plus haut.
Le support du guide est bridé sur la caisse avec deux serre-joint. Et j'aligne à l'oeil le guide sur le haut des éclisses. Ce n'est pas grave si on est décentré ou décalé, on verra pourquoi juste après.
Et je coupe, d'abord avec la fraise droite jusqu'à la profondeur voulue, puis je fais juste un passage avec la fraise à queue d'aronde.

Ça fait une super mortaise :

Edit : Pour éviter d'éclater le bord à droite de la mortaise (et la nacre au passage), je commence par ce bord en entrant dans la caisse, en poussant (pas en tirant) la machine délicatement sur ce bord. Juste un peu pour couper le bord. Ensuite, je fais ma passe normalement en sens horaire.
Le problème que j'avais rencontré sur mes premières c'est : comment arriver à positionner le tenon sous le manche pour qu'une fois assemblé il soit pile dans l'axe, bien à raz à l'avant et pas twisté. J'avais donc fais un tenon légèrement plus gros et ajusté à la main. C'est long, piégeux et surtout dommage.
Alors la dernière fois j'ai introduit une nouveauté.
J'ai fait un tenon sur un manche d'essai avec le guide pour tenon et, sans démonter, j'ai fait un moulage du tenon et du guide. Vous me trouvez marteau non ??


Voilà le truc, ça ressemble un peu à un dentier !


La suite devient fastoche.
Je mets un faux tenon (issu des essais) dans la mortaise et je colle le manche par dessus, juste là ou il doit être, à la colle chaude. Puis j'installe le tout dans le support de manche.

J'engage le moulage dans le tenon, puis le guide dans le moulage. Je veille à ce que le manche est bien en appui sur ses butées en-dessous.
Et je bride le guide sur les rails du support. Mon guide est donc positionné exactement pour faire le tenon au bon endroit sur le manche.

Sans toucher au guide, je démonte le manche, décolle le faux tenon, remonte le manche pour qu'il bute en haut sur le guide. Je plante deux vis pour être tranquille. Et comme pour la mortaise le dégage d'abord à la fraise droite et termine par une passe à la fraise queue d'aronde.

Le résultat est parfait. Zéro placage, zéro stress. 1h30 pour faire le tout.
Désolé d'avoir été long, mais c'est pas facile d'expliquer par écrit !


Dernière modification par Birdie le ven. 22 oct. 2010, 19:54, modifié 1 fois.
Sauvez un arbre, mangez un castor....
- quentinjazz
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- Localisation : La Madeleine (59)
Merci Birdie, c'est mortel!
Je crois même que j'ai tout compris!
Merci encore c'est génial que tout le monde partage ses astuces!
edit: c'est génial que VOUS, ceux qui sont expérimentés nous aidiez tant avec vos trucs, vraiment
Je crois même que j'ai tout compris!
Merci encore c'est génial que tout le monde partage ses astuces!

edit: c'est génial que VOUS, ceux qui sont expérimentés nous aidiez tant avec vos trucs, vraiment

La lutherie c'est comme à la Cogip: les rosaces sont des dollars, et les tables en épicéa sur quartier sont des dossiers!
Maaaah quelle pedagogie et générosité ce Birdie !
Un grand bravo, encore une fois!
Tuto excellent!
Un grand bravo, encore une fois!
Tuto excellent!
michto la pompe !
Mon premier projet, en pause depuis un bail
Mon premier projet, en pause depuis un bail
wouaf!!!!!!!!!
de passage sur le forum (en courant vacances obligent)
Birdie je suis sur le cul. Et le truc pour les queues d'arondes alors là chapeau bas non seulement tu es un bon luthier mais en plus un excellent pédagogue Mais ce qui me tue c'est la finition de ta guitare c'est vraiment du travail de pro
de passage sur le forum (en courant vacances obligent)
Birdie je suis sur le cul. Et le truc pour les queues d'arondes alors là chapeau bas non seulement tu es un bon luthier mais en plus un excellent pédagogue Mais ce qui me tue c'est la finition de ta guitare c'est vraiment du travail de pro
La vieille ne voulait pas mourir car tout les jours elle apprenait quelque chose.
Merci les gars, mais faire partager n'est-il pas le principe même de ce genre de forum ??
Bon si je fais le point, je crois que je suis dans les temps. J'ai encore une difficulté à gérer avec les filets en érable dans l'accolade sur le bas de touche. Ça va encore tout se péter comme sur la tête... !!!
J'ai toujours pas décidé pour les inscrusts du pickguard. Mais j'ai presque plus de nacre, donc je vais faire light. A ce propos, je vais faire une plaque de 1.2mm (0.6 ébène sur 0.6 érable). Je pensais la coller d'abord (titebond) et tout vernir ensemble. Mais je pourrais aussi vernir d'abord, coller la plaque à l'adhésif, et la garder en bois brut juste poli. Des avis ?
Si si bien sûr mais normalement sur une flat top ça doit être zéro. Ici j'ai un petit demi-millimètre. Mon chevalet+sillet va faire 8+4= 12mm. Si je mets ma touche à 6mm + 5mm d'action (2x2.5) + 1mm de frette = 12. Ça devrait le faire.Florian a écrit : edit : tu vérifies pas ta hauteur au chevalet ?
Bon si je fais le point, je crois que je suis dans les temps. J'ai encore une difficulté à gérer avec les filets en érable dans l'accolade sur le bas de touche. Ça va encore tout se péter comme sur la tête... !!!
J'ai toujours pas décidé pour les inscrusts du pickguard. Mais j'ai presque plus de nacre, donc je vais faire light. A ce propos, je vais faire une plaque de 1.2mm (0.6 ébène sur 0.6 érable). Je pensais la coller d'abord (titebond) et tout vernir ensemble. Mais je pourrais aussi vernir d'abord, coller la plaque à l'adhésif, et la garder en bois brut juste poli. Des avis ?
Sauvez un arbre, mangez un castor....