Je vais faire une réponse un peu frustrante, car plein d'experts ici te répondront bien mieux que moi en relation avec l'histoire des Selmer et la méthode authentique utilisée alors. En revanche, compte tenu de mon travail, je peux faire un petit point sur les méthodes que j'utilise en marquage en creux des bois. Le seul truc, c'est que je n'ai pas encore appliqué cela à la lutherie. Les étapes sont à peu près toujours les mêmes dans mon processus :
1 - Graphisme : Pour un meilleur résultat, j'utilise un logiciel de dessin vectoriel (Illustrator) pour réaliser ce qui m'intéresse. Tu peux trouver sur le Net un logiciel gratuit (Inkscape) pour réaliser cela. Je pourrais m'étendre sur des pages à ce sujet, mais ce n'est sans doute pas la question ici.
2 - Réalisation de l'outil (ou pas). Je vais m'expliquer plus loin à ce sujet
3 - Gravure à chaud par pression avec ou sans feuille d'or
Concernant l'étape 2, je vais commencer par la méthode la moins intéressante lorsqu'on a le souhait d'en faire un maximum soit-même, mais qui me semble intéressante à connaître malgré tout : la gravure laser. Pour cela, je passe par une vieille maison de gravure bordelaise (Duvigneau Gravure - depuis 1927) à laquelle je confie la pièce de bois à graver et le fichier numérique (pdf en taille réelle) et roule ma poule. Jusque là, je leur ai fait graver du chêne (pour des clients viticulteurs - tonneaux) et du teck (pour des numéros de chambre sur petites plaques). Une fois gravée, tu peux nettoyer la partie pyrogravée et appliquer une teinte, une peinture, un vernis, un or... ce que tu veux quoi.
L'autre méthode est plus intéressante mais; là encore, je n'ai pas eu l'occasion de l'essayer ou de l'adapter à des essences denses comme l'ébène. Bref, je commande ce qu'on appelle un "cliché" métallique. Je travaille essentiellement avec la Clicherie d'Aquitaine pour cela ->
voir ici . Je commande plus souvent des clichés magnésium, car le coût des clichés laiton est assez élevé. Cela dépend de ton souhait d'utiliser ton outil plusieurs fois ou non, ou de lui faire subir des contraintes plus ou moins grandes. L'autre truc avec les clichés magnésium, c'est qu'il faut les nettoyer et les huiler après usage, ou les conserver dans l'essence, pour éviter une oxydation. Il faut ensuite pouvoir déposer ou monter ton cliché (qui est assez mince) sur un support non déformant métallique (pour ma part, j'ai réalisé une sorte de burin, de tampon ou je ne saurais comment l'appeler... mais surtout, tout en métal !!) L'idée est de pouvoir chauffer ton cliché. Encore une fois, je décris une méthode pour bois tendre, mais voilà comment je mets cela en œuvre :
J'humidifie la zone à marquer (je pose 10mn un sopalin ou une petite éponge sur la zone concernée). Je chauffe avec précaution mon outil muni du cliché (attention, les gants sont utiles) mais, faisant cela au jugé, il m'est difficile de te donner une température (fais un paquet de tests avant). Ne chauffe pas directement le cliché, mais plutôt le support métallique qui le porte (cela évite d'abîmer ton logo). Ensuite, tu appliques le cliché chaud sur la zone (avec précision !!!!) et tu mets la pression (ici, il y a mille méthode, cela dépend de tes outils, ton matériel, ton atelier, tes préférences... enfin tu vois quoi. Le but n'est pas de brûler le bois, mais de le déformer, l'enfoncer, donc, va y mollo. Je laisse sous pression 3-4 minutes, puis je regarde le résultat, si c'est insuffisant, je recommence. La première emprunte te guide, mais il faut rester précis et attentif sur les applications suivantes, et attention aux bois fibreux !
Mon texte devenant un roman fleuve, j'en reste là pour l'instant. Mais si toi ou quelqu'un d'autre voulez la méthode de dorure à la feuille, qui peut finaliser ce travail (et qui est plus "claquante" que la peinture or), n'hésitez pas !