Sortie il y a quelque temps, cette guitare tient, sans aucun doute, un rôle de pionnier. Je suis persuadé que ce genre de guitare 100% MIDI représente l’avenir digital de la guitare – un avenir plus logique et plus fiable que celui proposé par les quelques "Guitar to Midi Converters" actuellement disponibles sur le marché et qui sont – dans le domaine de la guitare à cordes nylon en tout cas – affublés de latences, d’imprécisions et de bugs rédhibitoires, dus à la complexité du système de conversion et de restitution du son MIDI.
__________________________________________
Après une grosse décennie de galère au milieu de ces fameux convertisseurs (ils étaient longtemps les seuls instruments permettant de concrétiser les principes de l’electroclassic, que j’ai fondée en 2003 – voir
www.electroclassic.com), je me suis mis à la recherche d’une guitare "classique" MIDI… et j’ai rencontré en chemin la Yamaha EZ-AG.
[...]
Yamaha a équipé cette guitare de ports MIDI IN et MIDI OUT. Cela permet donc de l’utiliser comme "clavier" maître pour piloter un synthétiseur…
[...]
Ces bouts de cordes offrent une résistance tout à fait comparable à celle d’une longue corde… la sensation est vraiment préservée, et les nuances de jeu conservées : une attaque musclée se traduira par la production d’un son plus fort que celui d’un effleurement.
Jouer à droite indique donc au calculateur la corde concernée, la force de l’attaque, et le moment où faire sonner la corde. Jouer à gauche indique au même calculateur à quel endroit cette même corde est virtuellement "frettée". Le système est d’une simplicité et d’une efficacité sans faille.
La recherche d’une vraie fidélité aux caractéristiques d’une guitare acoustique est poussée à un point qui étonne : par exemple, les effets de liaisons ("Hammer-on" et "Pull-off") sont gérés par la Yamaha EZ-AG… on peut même faire plein de trilles, le son suit en s’amenuisant, comme celui d’une corde… Seul hic : il faut qu’une touche soit enfoncée pour que cela marche… un "Pull-off" vers la corde à vide se traduit par un gros silence, dommage, cela laisse pas mal de blancs dans certains morceaux, il faut donc bien décomposer son jeu et veiller à jouer tous les "zéro" à droite…
Autre défaut, compréhensible mais regrettable : impossible de jouer en Apoyando, car "l’atterrissage" du doigt sur la corde supérieure fait automatiquement sonner cette dernière, ce qui crée de gros parasites… il faut donc tout jouer en Tirando…
[...]
Considéré comme un "clavier-maître", cet instrument m’apparaît comme un pionnier aussi habile que visionnaire. Le tout à un tarif vraiment décent, ce qui n’est pas souvent le cas avec ce genre de prototype. Souhaitons voir ce type de guitare évoluer et se développer !
Lorsqu’une ère nouvelle pointe, je suis toujours attentif et ému. Surtout, comme ici, lorsqu’elle promet de nouvelles ramifications et un cosmopolitisme musical renforcé pour notre guitare : historiquement, nous jouons du plus populaire et du plus hybridé des instruments.