Compagnonnage

Poser ici toutes vos questions techniques, de lutherie...

Modérateurs : Benoit de Bretagne, carlos, chloé

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neiklot17
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Compagnonnage

Message par neiklot17 »

Bon voilà ma question est plutôt simple, toujours en rapport avec le métier de luthier :
- On peut devenir luthier en suivant des cours dans une école de lutherie spécialisée (ex mircourt, le Mans, Puurs ...) ça je sais !
mais certains me disent que la lutherie dépend du compagnonnage .... alors là , grande question : "comment ça se passe ? " on doit d'abord aller dans une école et puis faire ce fameux "compagnonnage" ou on doit faire un choix entre école et compagnonnage ? Et encore une dernière chose (si j'ose demander :oops: ) ça marche comment le compagnonnage ?

Merci d'avance
Killian
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Message par Killian »

le compagnonnage c est tout simple, imagine toi que Benoit soye compagnon et que comme de par hazard il maitrise une technique que tu ne connais pas, tu vas aller la travailler dans son atelier voir ce qu il te propose comme maitrise(pour faire des manches,pour faire des rosaces...Ect) en echange tu lui montre ce que tu sais faire, si il y a une technique qu il ne connais pas tu lui apprend et au bout de deux semaine un mois tu repars vers un autre luthier pour qu il taprenne encore ...ect
et une fois que tu pense avoir faire le tour de france des luthiers, tu accèdes a un rend plus elevé chez les compagnons.
En général tu sera héberger par les compagnons selon les villes, ou chez les luthiers ;). Je crois que je me suis pas trompé.
Mais je pense que Benoit ou quelqu un d autre sera plus qualifier que moi pour te repondre :)

Amicalement

Killian
Matt
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Message par Matt »

Explication du Compagnonage (Compagnons du devoir,compagnons du Tour de France)

Ce sont des écoles (considérés comme les meilleurs pour apprendre certains métiers).

Tu y rentre en général assez jeune 15 à 20 ans ca dépend , pour y faire deux années d'apprentissage dans le métier que tu as choisi ensuite tu peux faire une année de stagiaire ou "te faire adopter" pour passer aspirant compagnon (je passe tous les détails car ca serait trop long a expliquer comment on se adopter ou pourquoi on passe stagiaire etc...)

Ensuite,une fois que tu es aspirant ton tour de France commence et tous depend du corps de métier que tu as choisi mais tu restes en général entre 6 mois et 1 an dans chaque ville.Cela dure quelques années (3 à 6 ans) et ensuite,tu fabriques une piéce que l'on appelle chef d'oeuvre sur laquelle tu es "noté" par des compagnons et ce sont eux qui décident si tu peux etre recu compagnons ou pas.C'est une explication trés sommaire du compagnonage et beaucoup d'autre facteurs doivent rentrer en compte lors de l'adoption ou de la reception.

Ensuite pour le métier de luthier dans le compagnonage,ben ca existe pas vraiment,c'est menuisier ou ébéniste et c'est a toi de te diriger dans la lutherie tout en sachant que tu ne pourras pas faire que de la lutherie à plein temps.
Par exemple,ceux qui veulent etre forgerons passent par le métier de Metalier-Serurrier et se "spécialisent" par la suite une année lors de ce qui est appelé un "stage forge".

Donc non,la lutherie ne dépend pas du compagnonage


Voila quelques explications non exhaustives du compagnonage,j'espére que ca peux répondre à une partie de ta question

Matthieu
neiklot17
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Message par neiklot17 »

merciiiiiiiiiiiiii pour ces precisions très très utiles, je suis vraiment content d'apprendre ça, je n'étais pas au courant, merci encore à tous !!!!
dany
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Message par dany »

L'origine du compagnonnage semble être parallèle à celle des corporations à l'époque médiévale et liée aux batisseurs de cathédrales.
Les corporations regroupaient des patrons (les PME de l'époque), les compagnons étant des ouvriers qualifiés maîtrisant parfaitement leur métier.

Les métiers du bâtiment (tailleurs de pierre, menuisiers, charpentiers, etc.) semblent les plus "historiques" dans l'organisation compagnonique.
Mais d'autres spécialités y existent.

Je crois savoir qu'il existe un centre de formation compagnonique à Arras (chef-lieu du Pas de Calais) qui a le statut officiel de centre de formation.
Je ne sais pas à quelle mouvement compagnonique il appartient (Compagnons du Devoir, Compagnons du Devoir de Liberté, etc.)

A Tours, si j'en crois un reportage télévisé que j'ai vu par hasard lors d'une nuit d'insomnie, il existe plusieurs centres compagnoniques (la ville de Tours est un lieu stratégique historique du compagnonage).

Ceci dit, la voie du compagnonage est souvent méconnue, elle est aussi très exigeante dans l'engagement personnel...
Mais... dans les métiers d'art et de tradition, elle est réputée pour sa rigueur et son sens de la transmission du savoir... avec des méthodes d'apprentissage qui ne sont pas celles du système éducatif contemporain.
Entrer en compagnonnage, c'est aussi un engagement moral et philosophique, une conception du métier et des relations sociales différentes de la "pensée unique contemporaine".

Pour ce que j'en connais, les maître-mots du compagnonnage me semblent: RIGUEUR, HUMILITE et PERSEVERANCE.
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Benoit de Bretagne
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Message par Benoit de Bretagne »

Merci pour vos conseils, expériences, j'en apprend pas mal dans ce post! je m'étais aussi tourné au départ de ma "vocation" vers cet apprentissage de compagnonage, malheureusement la lutherie n'était pas répertorié dans les "devoirs"... j'avais vu des oeuvres de certains compagnons, des escaliers à taille miniature et ensuite à taille réelle, c'était sublime, grandiose et un très haut niveau de savoir faire, une des meilleures écoles à mon sens, par contre il y a un grand oubli de sa personne, une vie de communauté, parfois on obtient un nouveau prénom(celui de sa spécialisation, d'un maître en la matière) un peu comme dans un monastère... tout ceci doit un peu évoluer... mais la rigueur, repousser ses limites font que l'étudiant sortant de cette aventure est une personne de savoirs, à l'oeil affûté, riche... à tous points de vue...

Benoit de Bretagne
Matt
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Message par Matt »

Bonjour tout le monde

Je crois savoir qu'il existe un centre de formation compagnonique à Arras (chef-lieu du Pas de Calais) qui a le statut officiel de centre de formation.
Je ne sais pas à quelle mouvement compagnonique il appartient (Compagnons du Devoir, Compagnons du Devoir de Liberté, etc.)

Oui à Arras c'est la fédération des compagnons qui se trouve la bas,ensuite sur Lille c'est l'association des Compagnons du Devoir,c'est cette derniére qui a le plus de Maison Compagnonique en France
A Tours, si j'en crois un reportage télévisé que j'ai vu par hasard lors d'une nuit d'insomnie, il existe plusieurs centres compagnoniques (la ville de Tours est un lieu stratégique historique du compagnonage).
Oui à Tours il y a 2 Maisons qui font partie de l'association(peut etre il y en a d'autres mais elles ne font pas partie de l'asso),1 qui se trouve en centre ville qui est magnifique d'ailleurs et une autre qui se trouve a l'extérieur,je dirai que c'est plus pour un aspect pratique que celle ci se trouve a l'écart car c'est la que se situe la plupart des ateliers,ce qui evite les nuisances sonores en plein centre ville car beaucoup travaillent dans ces ateliers tard le soir ou le week end.Certains corps de metier y logent aussi.

A Tours,il y a aussi le musée du compagnonage qui est magnifique,si vous passé par la,n'hesitez pas a visiter.

Ceci dit, la voie du compagnonage est souvent méconnue, elle est aussi très exigeante dans l'engagement personnel...
Mais... dans les métiers d'art et de tradition, elle est réputée pour sa rigueur et son sens de la transmission du savoir... avec des méthodes d'apprentissage qui ne sont pas celles du système éducatif contemporain.
Entrer en compagnonnage, c'est aussi un engagement moral et philosophique, une conception du métier et des relations sociales différentes de la "pensée unique contemporaine".
Oui,chez les compagnons il est tres facile de rentrer,les tests d'admission sont trés simple,le plus dur est de rester,il faut apprendre a respecter les autres,les régles de la vie en communauté et bien d'autres choses,seulement 1% de ceux qui rentrent deviennent compagnons....
Ceci dit, la voie du compagnonage est souvent méconnue
Oui,il n'y a aucune pub de la part des compagnons,ils n'ont pas besoin de ca ni d'avoir un taux élevé de réussitte pour subsister,c'est pourquoi seuls les meilleurs et les plus motivés réussissent.Ce qui expliquent aussi pourquoi ceux qui sont compagnons sont considérés comme les meilleurs.

par contre il y a un grand oubli de sa personne, une vie de communauté, parfois on obtient un nouveau prénom(celui de sa spécialisation, d'un maître en la matière) un peu comme dans un monastère...
On obtient pas vraiment un nouveau prenom,au moment de l'adoption,tu recois le nom de ta région,par ex:Breton pour celui qui vient de Bretagne,Picard pour le Nordiste etc... et lorsque tu es recu compagnons,tu obtiens une "appellation" si on peux dire,ex:Breton dit "L'honneur du travail" ou autre.Mais tu ne perd pas ton prénom ni ton nom
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Benoit de Bretagne
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Message par Benoit de Bretagne »

Merci pour toutes ces précisions Matt! on a envie de te demander, tu as étudié chez les compagnons?

Benoit de Bretagne
Matt
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Message par Matt »

Oui,quelques temps.
Killian
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Message par Killian »

j'ai trouvé des liens utilises au cas ou.

http://www.compagnons-du-devoir.com/
http://www.compagnonnage.org/


:p magnifique les photos ;)


Killian
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Benoit de Bretagne
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Message par Benoit de Bretagne »

Matt a écrit :Oui,quelques temps.
3ans, c'est pas rien :wink: ! Modeste :wink: !

Benoit de Bretagne
dany
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Message par dany »

Voici ce que dit Wikipédia sur le compagnonnage.

Au Moyen Âge existent des confréries de métier dont certaines sont toujours présentes. il s'y trouvent les dénominations: Apprenti, Compagnon et Maître.

En France, en réaction au système des corporations et des jurandes, des compagnons des sociétés de métier forment un grand mouvement de compagnonnage qui donne à ses membres, par leur qualification, une certaine liberté de déplacement et leur permet de s’affranchir de la domination abusive des maîtres.

Plus tard, ce compagnonnage s’est divisé en plusieurs mouvements d’opposition, de fait, de pensée, religieuse et autres, qui sont à l’origine des mouvements du compagnonnage actuel.

Ces sociétés ont préfiguré la mutualité et le syndicalisme.

Les origines du compagnonnage sont noyées dans le temps. Sans remonter aux pyramides, il pourrait, selon des indices plus sérieux, ou tout au moins plus connus, prendre souche sur les collegia romains qui organisaient les métiers de la construction.

Les armées romaines ont sûrement ramené avec elles des constructeurs venant de leurs pays conquis.

Sous le nom de devoir, le compagnonnage est attesté dès l'époque des cathédrales. Il détient les secrets de métier et, pour protéger l'emploi, il en assure la transmission à ceux qui en sont dignes en leur donnant également une formation morale sous forme d'un bagage symbolique. Il organise enfin une assurance mutuelle reposant sur la notion de solidarité.

Au XVIe siècle, le compagnonnage subit une scission liée à la Réforme. Il en résultera une rivalité entre devoirs qui occasionnera d'âpres luttes pour contrôler des territoires.

Le titre de Compagnon est attribué à l'ouvrier qui, après avoir rempli son temps d'apprentissage (rémunéré), a entamé un tour de France et réalisé un chef-d'œuvre.

Il poursuivra sa formation auprès de divers patrons tout en confrontant ses connaissances. Au cours de son périple, il trouvera partout une "Cayenne", ou une "Chambre", et une "Mère" pour l'accueillir tandis que le "Rouleur", ou "Rôleur", du lieu lui assure le gîte et l'embauche.

Mal aimé de l'Ancien Régime, le compagnonnage préfigure le syndicalisme par certains aspects, bien que la filiation ne soit pas prouvée. Il contrebalançait le pouvoir corporatif ou confraternel des patrons et des marchands et il joua certainement un rôle dans les prémices de la Révolution française bien qu'il eut aussi à pâtir de la tourmente dès 1791 avec la loi Le Chapelier.

Le compagnonnage reprend force et vigueur sous la Restauration tandis que des compagnons comme Agricol Perdiguier cherchent à le régénérer pour abolir les rivalités passées. Ces efforts ne pourront cependant pas anticiper le bouleversement apporté par la révolution industrielle et l'avènement du grand capitalisme.

Cependant, le compagnonnage a survécu. Il est aujourd'hui généralement bien vu, et suscite encore souvent l'admiration. Il transmet toujours — bien plus que des tours de mains aujourd'hui dévoilés — des valeurs morales et l'amour du travail bien fait.
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Florian
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Message par Florian »

En cherchant un post sur des cours de guitare classique sur internet je suis tombé sur ce post et je le déterre car je le trouve très intéressant, pour cause... j'ai passé 2 ans chez les compagnons en apprentissage (association ouvrière du Tour de France).
alors c'est un peu particulier car je n'étais interne que pendant mes sessions de cours mais j'ai quand même vécu pas mal de moments dans la maison d'Angers.
Tout d'abord il faut savoir qu'il y a plusieurs groupements compagnonniques : de mémoire il y a l'assoc' (Association ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France), l'Union Compagnonnique et la Fédération Compagnonnique. L'association est la plus connue et celle qui survie le mieux à l'heure actuelle, tout simplement parce qu'elle s'adapte mieux je pense à la société actuelle. A la base il n'y avait qu'un mouvement compagnonnique mais ils ont splité il y a longtemps.
Bon je ne peux pas trop détailler les origines car je ne connais pas tout et puis concernant le fonctionnement moderne, Matt avait quasiment tout dit à l'époque de ce post.
Concernant le côté sectaire qu'on attribue souvent au compagnonnage il est à tort basé sur le côté secret des pratiques communautaires. En réalité, pour avoir parlé avec des compagnons reçus (qui ont fini leur tour et réalisé leur chef d'oeuvre), les cérémonies d'adoption et de réception restent secrètes tout simplement parce que ce sont des moments assez uniques et intenses pour la personne qui les vit et que le secret y rajoute un côté spécial. En aucun cas il n'y a de pratiques sectaires mais tout simplement des éléments des plus communs d'une vie en communauté. Je comparerais le compagnonnage à une grande collocation d'ouvriers en formation qui partagent leur savoir.
La qualité de travail des compagnons est admirable. Rien n'est dû au hasard. Les compagnons travaillent énormément et n'acceptent pas l'à peu près. C'est d'ailleurs à mon avis ce qui manque dans les formations autres que les compagnons de nos jours. Pour avoir fréquenté une Centre de Formation autre que les compagnons y'a pas photo. Chez les compagnons on apprend l'autonomie, la satisfaction du travail bien fait, le soucis du détail alors que dans un CFA on cherche juste à t'apprendre le minimum qui te servira à avoir ton examen... bien dommage.
Pour ceux qui ont l'occasion d'y faire un tour, un musée est consacré au compagnonnage au siège de l'association à Tours.
Voilà je vais m'arrêter. J'espère ne pas trop m'être enmêlé les pinceaux mais j'essaye juste de relativiser un peu tout ce qui se dit de juste ou moins juste de par ma courte expérience :)

au passage, le compagnonnage en lutherie a existé il y a très longtemps
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